Le siège avait été dévolu une première fois à Jean Baggioni. Gilles Simeoni vient d’être élu à l’unanimité à la Commission des îles européennes, issue de la commission des régions périphériques d’Europe ; les îles sont les plus périphériques. Leurs conditions sont diverses : géographiques, historiques, politiques, économiques ; mais elles ont l’insularité et ses contraintes qui les handicapent dans la mesure, surtout quand les États dont elles dépendent les ignorent.
Le contexte est une crise mondiale (financière et économique), politique (Europe en panne), hexagonale (les primaires des présidentielles ubuesques) sur fond de scandales d’argent public, autant de perles noires sur un long collier…
Sentiment d’impuissance, de discrédits exprimés à l’emporte-pièce, « des incapables, tous des pourris…»
Dans l’île, les clans suspendus aux crochets du pouvoir central pendent comme des quartiers à l’équarrissage. L’affaiblissement du centralisme jacobin a facilité l’effort des natios qui se sont emparés des leviers de la CTC.
Le système clans-jacobins a réduit le développement économique à l’assistanat, à la course aux subventions, à la spéculation immobilière avec comme résultat quelques enrichis et plus de 20.000 « pauvres ». Le paradoxe est illustré par un PIB enviable à 80 % faisant de l’île une région enviable sur le papier des statistiques.
À nos « pauvres », nous devons une solidarité effective et non de simples déclarations d’intention, si le Peuple corse existe et pour qu’il existe. C’est une urgence de la commencer par les plus démunis faute de moyens. Ils sont dans le quotidien et les plans élaborés pour l’avenir non pas de sens pour eux.
La CTC n’effacera pas cette pauvreté du soir au lendemain, elle peut semer un peu d’espoir et gagner en confiance pour tout ce qui reste à faire. Il est capital pour la survie du Peuple corse d’investir à moyen et à plus long terme pour des activités productives pour une économie structurante et créatrice d’emplois.
Passer d’un système qui a rendu le Peuple corse addictif pour une grande part aux «aides», aux subventions en tous genres par les filières clientélistes, à plus de vérité et de réalisme et garantir son avenir, s’apparente aux travaux d’Hercule. Sans effort, l’argent donné, la chasse aux aides est peu productive.
Il convient de préparer les générations qui viennent à la formation, à la responsabilité, à l’esprit d’entreprise pour être des pionniers sur leur île.
Un nationaliste corse est président d’une institution pour faire reconnaître le fait insulaire européen. Il connaît le problème des rapports avec l’État français le plus fermé, le plus hostile à reconnaître la moindre différence.
Il est prêt à œuvrer pour toutes les îles d’Europe. Cette institution n’est que consultative. Elle peut faire des propositions qui passeront par tous les filtres des nombreuses procédures des États d’abord et de l’Europe.
Se rappeler l’exemple de la Charte des langues minoritaires du Conseil de l’Europe. Les experts linguistiques français l’ont bloquée pendant 9 ans en commission, ils ont mis les pouces quand seule la France et la Turquie restaient seules à s’y opposer. La France a signé, mais comme il s’agit d’un traité, la ratification parlementaire s’impose.
Plusieurs décades après, le Président de la République est venu nous ressortir l’argument de la majorité introuvable pour modifier la Constitution.
Le chemin est long (tamanta strada à fà !). Quelques repères : avec nos amis flamands, on fonde l’ALE en 1982 à Bastia et on commence l’internationalisation pour sortir de l’étau jacobin (Simone Weil, présidente du Parlement européen met les CRS pour interdire l’accès à Edmond Simeoni invité comme le prévoit le règlement par les députés flamands à rencontrer la presse internationale. Ils le feront rentrer par une entrée dérobée).
Avec Waechter, je suis député et je siège dans le groupe ALE.
L’internalisation continue par François Alfonsi (motion à la quasi unanimité sur les langues minoritaires) et par les autres nationalistes de même.
Rappelons l’incident diplomatique provoqué à Beyrouth par José Stromboni au titre de la jeune chambre économique corse, dénonçant le colonialisme de la France. L’élection de Gilles Simeoni est un palier de plus significatif. Il faudra en gravir d’autres.
Il n’y a pas de secret, tout se tient : la ténacité et la convergence dans l’effort permettent d’avancer avec l’appui grandissant des Corses en toute transparence.
Pour survivre un Peuple doit mobiliser ses propres ressources avant de rencontrer des opportunités et trouver des soutiens. Rien alors ne peut arrêter un tel combat pour la justice et la dignité.
Max Simeoni