Un parti démocratique s’impose. L’usage de la violence clandestine est une impasse. Les faits l’ont montré : pas d’arbitrages possibles et affrontements pour s’imposer face à l’État, le champ ainsi ouvert aux manipulations diverses des « services » et en interne.
Le recours à la violence ne peut pas être totalement exclu en cas de provocations de l’État ou pour défendre des acquis importants comme dans l’affaire d’Aleria où le sucrage de la vinasse condamné par tous les Corses, l’État laissant faire. La voie démocratique, pour être efficace, exige une démarche de rigueur, beaucoup d’engagement, et du temps pour avoir la force politique qui fera plier l’État jacobin.
Comment définir idéalement un parti efficace démocratique ?
Avant tout par sa base. Si elle est insuffisante dans les principes et dans l’action tout le reste de la pyramide le sera et le but « historique » du « nationalisme » corse, « sauver le Peuple corse », le sera sans garantie.
La base ? Elle est faite par des militants engagés, payant cotisation, se réunissant régulièrement, dans chaque région géographique où ils demeurent, dans leur local avec enseigne et horaire de permanence pour recevoir le public. Elle établit des procès verbaux de ses délibérations.
Elle approfondit la connaissance de la société. Elle a recours si besoin à des experts militants ou autres. Elle communique les données recueillies et les initiatives qu’elle envisage de prendre au Conseil, organe de délibérations, de coordination pour appliquer avec l’Exécutif la ligne politique décidée par l’Assemblée générale. Chaque région propose les candidats aspirant à oeuvrer au Conseil.
Le Conseil se réunit régulièrement avec ordre du jour. Il est constitué de représentants nommés par chaque région géographique qui élisent un bureau (président, vice(s) présidents(s), secrétaire et trésorier) qui organise les militants, leur procure informations et documents utiles pour les débats à l’ordre du jour, avant la réunion, rédigent les procès verbaux et les communiquent au Conseil. Entre dans sa composition des représentants de l’Exécutif qui ne votent pas mais peuvent exprimer l’opinion de l’Exécutif. Les élus participent de droit à toutes les réunions des Pieve et du Conseil où ils peuvent s’exprimer sur tout sujet mais eux aussi sans droit de vote. Le principe général est de ne pas avoir de double casquette mais une parole libre à l’intérieur du mouvement. Chaque militant peut postuler auprès des différentes instances pour être candidat à une élection de la République. En interne, il commence par sa section et sa région, qui peut la proposer au Conseil ou simplement la transmettre, lequel est seul qualifier pour décider dans quelles conditions participer à une élection et avec quels candidats. Les mandats électifs appartiennent au mouvement. En cas de difficultés importantes le recours à une AG ordinaire ou extraordinaire tranchera.
L’Exécutif est élu par l’AG sur un programme concernant la ligne politique de l’AG à appliquer.
En cas de vacance le Conseil nomme un Exécutif provisoire jusqu’à la prochaine AG ordinaire ou extraordinaire. L’AG est l’organe souverain qui décide de la ligne politique. Elle se tient au moins une fois l’an. Les conditions et l’ordre du jour sont précisées dans les statuts et le règlement intérieur pour l’AG et tous les organes de l’organisation démocratique (AG, Exécutif, Conseil, Sections, « régions », commissions, élus…).
L’AG est préparée de loin avec une procédure écrite qui débutera par les rapports des différentes instances : celui du Conseil et il répercutera aussi les comptes rendus de la base, qui lui seront adressés. Celui de l’Exécutif et des élus. Après un Premier tour où comme simple militant chacun peut donner son point de vue et faire des propositions, suivi d’un deuxième pour préciser sa pensée ou pour faire savoir si elle a changé.
Bref le but est qu’en début d’AG les différents points de vue soient connus de tous, pour les débats et les décisions à prendre par l’Instance souveraine.
Transparence interne et externe, pas de double casquette.
C’est toute l’organisation qui élabore la ligne politique. Le Conseil l’adapte entre deux AG et coordonne le travail. L’Exécutif l’applique et représente le mouvement à l’extérieur.
Dans un prochain Arritti, j’essaierai d’expliquer pourquoi selon moi un mouvement démocratique de terrain pour une action importante est l’outil qui manque si on espère mobiliser en profondeur les forces disponibles du Peuple Corse pour sa survie en commençant par obtenir l’autonomie et la coofficialité rapidement. Le statu quo avec une majorité électorale qui resterait « absolue » ne sert pratiquement à rien si le projet est de sauver notre Peuple et l’insérer dans le monde tel qu’il est et sera.
Max Simeoni.