La Corse est particulièrement touchée par le mal-logement. Avec 18 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, notre île affiche le taux le plus élevé de France. Insuffisance de logements sociaux, loyers élevés, tensions sur le marché de l’immobilier, précarité énergétique, fort taux d’impayés, on retrouve dans l’île tous les voyants rouges de la crise du mal-logement en France.
Au premier janvier 2024, notre île comptait 16.027 logements sociaux, soit 10,3 % des résidences principales, taux le plus bas de France (17,4 %).
En 2023, seulement 245 logements sociaux neufs ont été mis en service (128 en Corse du Sud contre 117 en Haute-Corse) alors qu’une étude prospective conjointe Insee/Dreal évaluait un besoin de 70.000 nouveaux logements à construire entre 2015 et 2030 eu égard à l’augmentation de la population. Parmi eux, un besoin de 22.000 logements sociaux a été évalué. En 2023, les appels au 115 ont augmenté de 55 % par rapport à 2022. 67 % des demandes d’hébergement ne sont pas pourvues faute de place1.
Selon l’Insee2 toujours, 8 % de la population corse vit dans un logement exigu (contre 5 % en France). La Corse se situe au second rang des régions en termes de suroccupation des logements, derrière PACA. Et on dénombrait en 2023 11.000 logements insalubres, potentiellement indignes, sans pour autant qu’il en existe un recensement précis (cf. Agence régionale de santé).
De son côté, l’Agence de l’aménagement, de l’urbanisme et de l’énergie de Corse alerte sur les 60.000 personnes touchées par la précarité énergétique dans l’île (près de 30.000 ménages). C’est 10.000 ménages de plus qu’en 2016. Une précarité énergétique qui entraîne des problèmes de santé notamment chez les enfants et les personnes âgées et une vulnérabilité également en été où les logements sont en surchauffe. Des politiques de lutte contre ces logements énergivores sont mises en place par la Collectivité de Corse, mais restent insuffisantes eu égard aux besoins. Un dispositif comme Oreli3 a rénové 154 logements dont la moitié concerne des ménages précaires (245 autres dossiers sont à l’étude). À ce rythme il faudrait des siècles pour sortir de la précarité énergétique dans l’île. •
F.G.