Le 25 mars dernier, l’Union Européenne a soufflé ses 60 bougies. Il y a 6 décennies, 6 Etats décidaient de se lancer dans un projet fou : construire la paix, partager la prospérité, promouvoir la diversité entre les peuples d’Europe.
Aller au charbon
6 ans à peine après le Traité instituant la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA – 1951), les 6 Etats fondateurs (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) souhaitent aller au-delà d’une simple coopération réduite au charbon et à l’acier et décident de lancer, en 1957, à Rome, la Communauté Économique Européenne (CEE), première pierre d’une véritable union politique d’un ordre nouveau. Le rêve du fédéraliste communiste italien Altiero Spinelli prend forme bien qu’on en soit encore loin.
60 ans après, l’Europe n’est -évidemment- plus du tout la même. Passée de 6 à 9 (1973, Royaume-Uni, Irlande, Danemark), puis à 10 (1981 – Grèce), puis à 12 (1986 – Portugal, Espagne), la CEE devient en 1992 l’Union Européenne. L’UE s’élargira encore en 1995 (Autriche, Suède, Finlande), avant d’aller vers l’est en 2004 (Pologne, Slovaquie, Tchéquie, Hongrie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Malte, Chypre, Slovénie), puis en 2007 (Bulgarie, Roumanie) avant de connaître l’ultime élargissement de 2013 (Croatie). 6 hier, 28 aujourd’hui, 27 demain car, pour la première fois, le vieux Continent verra un pays quitter l’UE d’ici 2 ans.
Mais au-delà des élargissements, l’Europe s’est aussi énormément approfondie, créant ce qui n’avait jamais été tenté ailleurs, une véritable union politique, économique, sociale et culturelle entre des peuples dont l’Histoire ne plaidait pas en faveur d’un rapprochement.
L’Europe, quelle Europe ?
Certains souligneront que cette Europe est abjecte, qu’elle plie devant les grandes capitales (Berlin, Paris, Londres) ou est aux ordres du grand capital (finance non régulée, pouvoir des banques…). D’autres diront que cette Europe tend son oreille aux lobbys les plus puissants mais tourne le dos aux peuples. Ils n’ont pas tord de dire cela mais faut-il préciser que cette Europe existe parce qu’il existe une majorité politique à la Commission, dans les États et au Parlement européen pour cette Europe-là !
Nous avons donc le pouvoir -et le devoir- de changer cette Europe et de retrouver l’esprit d’il y a 60 ans (assurer la paix, partager la prospérité, défendre la diversité) tout en y ajoutant les combats d’aujourd’hui (droit des peuples, l’harmonisation sociale et fiscale, la lutte contre les lobbys…) sans jamais oublier l’héritage de Jacques Delors (la concurrence stimule, la coopération renforce et la solidarité unit).
L’Europe n’a que 60 ans. Si cela est long pour un homme, c’est extrêmement court dans la vie des institutions. Et en effet, le rêve européen n’a pas pris une seule ride. 60 ans après la promesse faite dans la Ville Eternelle, le rêve d’un monde meilleur, ou plutôt d’une Europe meilleure est toujours vivant.
La chérir autant que possible
La critique de l’Europe, notamment dans les nations sans Etats, est légitime à bien des égards. Mais la situation de l’Ecosse, de l’Irlande du nord, et, dans une moindre mesure, celle du Pays de Galles démontre toute l’importance de la construction européenne, aussi faillible soit-elle.
Oui, nous avons besoin d’Europe car les Etats ont failli à leurs promesses et parce que les régions et les nations sans Etat sont incapables de répondre seules à certains défis mondiaux. Eh ! oui, nous avons besoin de profondément réformer cette Europe qui s’enfonce dans un libéralisme effréné. On ne réécrira pas les 60 dernières années mais nous avons le pouvoir d’en écrire les prochains chapitres.
On a cru la perdre plusieurs fois, notamment du fait des tensions politiques entre l’ouest et l’est ou le nord et le sud. On a cru devoir aller à son chevet avec la crise économique et financière On a cru que son dernier souffle était proche avec le Brexit. Mais elle tient, elle se bat, elle ne veut pas mourir! L’Europe a 60 ans et toute la vie devant elle! Mais l’Europe sera ce que nous en ferons! À nous de construire l’Europe de demain, cette Europe fédérale, cette Europe démocratique, cette Europe sociale, cette Europe des peuples!
Roccu GAROBY
Vice Président de l’Alliance Libre Européenne Jeune