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L’Assemblea Nacional Catalana interpelle les eurodéputés

L’Assemblée Nationale Catalane est une association qui compte plus de 100.000 membres et a mobilisé des millions de personnes au cours des dix dernières années «pour défendre le droit du peuple catalan à l’autodétermination de manière civique et pacifique».

 

Dans un courrier, sa présidente Elisenda Paluzie (qui était venue en Corse il y a 3 ans pour sensibiliser au sort des détenus catalans) interpelle les députés européens sur la demande de levée de l’immunité des trois députés catalans, Carles Puigdemont, Toni Comin et Clara Ponsati. Dénonçant la «persécution par l’Espagne des représentants politiques et sociaux d’une minorité nationale européenne», et le fait que soient bafoués «le résultat des urnes ainsi que le droit de vote et le droit de participation politique et publique de plus de deux millions de citoyens européens», elle rappelle que «l’organisation d’un référendum sans l’accord du gouvernement central n’est pas une infraction au regard de la loi espagnole». Ce fait a d’ailleurs été relevé en juin 2019 par le Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires. Elisenda Paluzie rappelle aussi l’emprisonnement abusif depuis plus de 1000 jours des deux précédents présidents de l’ANC, Carme Forcadell et Jordi Sanchez, les condamnations pour «sédition à des peines allant de 9 à 13 ans», la violation de la présomption d’innocence, notamment dans le cas de l’ancien ministre Lluis Puig, les persécutions politiques à l’encontre de 3092 militants et représentants élus pacifiques pour leur implication dans le mouvement d’indépendance catalan, la déchéance du président de la Catalogne, Quim Torra, pour avoir suspendu au balcon de la Generalitat une banderole qui dénonçait les emprisonnements arbitraires, le soutien du peuple catalan au projet européen et sa déception face à l’attitude des institutions européennes depuis le référendum d’octobre 2017, le manque de respect «des valeurs européennes fondamentales telles que le respect de l’État de droit», la «permissivité dont bénéficie l’Espagne pour des violations de l’État de droit similaires, voire pires», le fait qu’en 2019 «deux millions d’électeurs catalans sont restés sans représentation au Parlement européen pendant plus de six mois en raison de l’emprisonnement illégal d’un eurodéputé élu et du blocage par l’État espagnol d’autres eurodéputés élus», mais aussi que «les partis nationalistes espagnoles sont surreprésentés à la commission des affaires juridiques chargée de traiter» de la demande de levée de l’immunité. L’ANC appelle le Parlement européen à voter non à cette levée d’immunité, «il y va de la crédibilité et de la légitimité de l’Union européenne en tant que projet d’intégration fondé sur des droits et des principes fondamentaux.» •