Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est-à-dire l’autodétermination des peuples, est à comparer à celui de divorcer. Il existe et nul ne peut s’y opposer et il doit être respecté par les époux.
Le droit de divorcer…
Quand, dans un couple marié, l’un des époux veut divorcer, c’est toujours un choc, jamais un plaisir, toujours une remise en question profonde, jamais une décision prise à la légère, mais c’est un droit individuel bien qu’il touche, au moins, deux personnes.
Au Royaume-Uni, mais aussi au Canada, quand l’Écosse, ou le Québec, a demandé le divorce, l’autre époux, l’État central, a accepté cette demande légitime bien que subie. Il a essayé de reconquérir sa moitié pour ne pas la perdre et in fine ce fut un succès, pour lui, puisqu’au moment de signer le divorce devant le juge (le référendum) le demandeur : l’Écosse ou le Québec, s’est ravisé. Quoiqu’on pense de ce choix, celui de ne pas divorcer, il fut librement consenti et doit donc être respecté.
…est-il limité ?
Certains prétendent que le droit de divorcer n’existe pas pour la Catalogne car elle n’a pas été maltraitée, battue et menacée de mort comme ont pu l’être les ex-colonies ou le Kosovo par exemple. Mais ce raisonnement ne tient pas car, d’une part, ni l’Écosse, ni le Québec n’étaient dans cette situation et pourtant leur demande légitime a été écoutée et, d’autre part, le droit de divorcer n’est pas lié à la violence d’un des époux sur l’autre mais au choix de l’un des deux, voire des deux.
Une femme qui n’aime plus son mari a-t-elle moins de légitimité pour le quitter que celle qui serait battue et menacée de mort ? Non. Mais la femme battue, en plus d’avoir le droit de divorcer, doit être protégée par la police et la justice. Dit autrement, un peuple massacré a le droit de s’autodéterminer et qui plus est, il doit être sous la protection de la communauté internationale (l’ONU et les casques bleus, la Cour de Justice internationale et le Tribunal Pénal International).
Rien, absolument rien, ne peut justifier qu’une personne, ou un peuple, n’ait pas le droit d’exercer son droit le plus légitime.
Les procédures de divorce
Cependant, si le droit de divorcer existe, il est codifié : on ne divorce pas n’importe comment. Un des deux époux doit en faire la demande : et clairement, la Catalogne l’a fait a maintes reprises (la consultation de 2014, les élections de 2015, le vote du Parlement en 2017 puis enfin lors du référendum du 1er octobre).
Ensuite, les deux époux doivent tenter une conciliation pour trouver un accord à l’amiable. Chacun reconnaîtra que le Royaume d’Espagne, gouverné par Rajoy, a refusé la moindre discussion dans ce couple, multipliant les menaces (ne pas reconnaître le droit de divorcer, poursuites judiciaires…) et en commençant à frapper la Catalogne (violences policières du 1er octobre…).
Mais l’opposition au divorce de l’un, après tout légitime, n’est pas un droit de refuser, à l’autre, d’exercer le sien tout autant légitime. Et le plus bel exemple est le cas de la Slovaquie qui voulait se séparer de la Tchéquie en 1992 ! Bien qu’opposé au départ de la Slovaquie, Václav Havel, le chef du Gouvernement tchèque, a laissé partir la Slovaquie, mettant de fait fin au mariage : la Tchécoslovaquie. Depuis, les relations entre les 2 pays sont excellentes, preuves s’il en fallait que le divorce, étape toujours difficile, n’exclut pas d’avoir des relations renouvelées et apaisées.
Le jugement du divorce
Tout finit devant un juge qui, in fine, prononce le divorce. Le problème c’est qu’aujourd’hui ce rôle est joué par Madrid qui est juge et partie. Soutenu par les autres États centralistes qui refusent de voir un divorce prononcé, cela pouvant affecter leur propre unité avec d’autres peuples et territoires, Madrid refuse de reconnaître le droit fondamental du peuple catalan.
Pourtant, ce rôle devrait être celui de l’Union Européenne. Jean Claude Junker, en tant que Président de la Commission européenne, gardienne des traités et qui doit défendre la démocratie et les valeurs fondamentales européennes mais aussi les peuples et les citoyens européens, doit agir et organiser cette procédure de divorce car le dialogue est inexistant. Il doit être impartial, ce qui n’est pas le cas pour l’instant, et mettre tout le monde autour de la table afin d’organiser une conciliation qui respecte les droits et les devoirs de chacun.
In fine, c’est à la Catalogne de choisir son propre futur et de suivre plutôt la voie de l’Écosse ou celle de la Slovaquie. Le reste, c’est l’histoire d’un mauvais divorce…
Roccu GAROBY
Vice-Président de l’Alliance Libre Européenne Jeune