Attentats à Manchester, puis à Londres, risques d’enlisement en Irak et en Syrie, le conflit du Proche Orient continue de dominer l’actualité. Il déstabilise durablement les sociétés, et notamment l’espace méditerranéen.
La Méditerranée est aux premières loges de ce conflit. Crise des migrants, basculement vers la dictature en Turquie, Palestine étouffée, Égypte, Lybie et Maghreb en alerte islamiste, les confins méditerranéens de l’Europe, sont largement impactés. Et ils le seront durablement.
L’offensive sur Mossoul entre dans son huitième mois de campagne militaire.
D’après les récits de la bataille, les forces alliées anti-Daech rassemblent 100.000 soldats qui encerclent dans le quartier ancien de la ville 2.000 djihadistes, en majorité venus de l’étranger, et 250.000 civils. Pourtant, malgré la disproportion des forces, l’offensive n’avance qu’à pas comptés. Parallèlement, les soldats de Dieu enchaînent les attentats avec Londres comme dernière cible. Guerre qui piétine en Irak et en Syrie, terrorisme qui s’installe en Europe, aux USA, en Russie, à Manille : le monde est entré dans une séquence qui plombera durablement le climat politique.
Dans une Europe aux premières loges, les attentats aveugles s’enchaînent et égrènent leurs désormais centaines de victimes. Les armes font défaut contre ce terrorisme « low-cost » : les armées savent déployer les contre-missiles qui annihilent les agressions des missiles adverses, elles ne savent pas déployer d’armes « contre-terroristes » qui intercepteraient au moment voulu un kamikaze venu de nulle part dans une camionnette banalisée.
Le climat d’insécurité qui en résulte est le premier objectif poursuivi par ce terrorisme, l’autre étant de pousser les opinions à stigmatiser toutes les populations d’origine musulmane qu’elles côtoient, en Europe et ailleurs. Sur une masse de plusieurs millions de personnes, issues des empires coloniaux du passé et de plus d’un demi-siècle de vagues migratoires depuis le boom économique de l’après-guerre, les effets sont prévisibles : une minorité se radicalise et fournit en soldats perdus les réseaux islamistes, le plus souvent via internet.
Les Gouvernements constatent l’un après l’autre leur relative impuissance.
Certains succès sont obtenus, des attentats sont déjoués, grâce au déploiement des moyens de surveillance. Accroître l’efficacité des polices par la mutualisation des sources de renseignement est sans nul doute nécessaire. Mais il est difficile de croire que cela suffira.
Mieux contrôler internet est l’autre axe des moyens proposés. Mais internet n’est pas aisément contrôlable et les filtres déployés laisseront toujours passer des messages qui seront de plus en plus difficilement décelables.
Dernier axe : s’en prendre aux formes les plus fondamentalistes de l’islam, notamment le courant salafiste dont le réseau puissant de par le monde a été constitué grâce aux subsides venu de là où il est une religion d’État, l’Arabie Saoudite. Mais qui affrontera réellement la première puissance pétrolière du monde ?
Au contraire, Donald Trump a affiché ostensiblement des milliards de dollars de contrats avec l’Arabie Saoudite, qui, à titre de gage donné, vient de rompre les relations diplomatiques avec le Qatar accusé de faire le jeu des Frères Musulmans. Difficile de penser que les deux événements ne sont pas liés !
Ces grandes manoeuvres diplomatiques révèlent les enjeux cachés pour le contrôle futur du Moyen Orient et de ses ressources. Un axe «militaro-sunnite » relie les monarchies du golfe et les pays qui, comme l’Egypte, sont sous gouvernement militaire. Ce courant s’appuie sur Israël et l’Amérique.
L’autre axe part de l’Iran chiite, passe par Bachar El Assad en Syrie et associe la Russie.
Entre les deux, une «guerre de position» souterraine fait rage. Elle ne va pas aider à trouver rapidement une issue au conflit.
F.A