Une fois de plus, à l’occasion d’un débat au Parlement, François Alfonsi, eurodéputé Verts-ALE a interpelé la Commission européenne sur le sort de l’Artsakh ou Haut-Karabakh, où vivent environ 120.000 Arméniens qui ont proclamé leur indépendance en 1991 après la dislocation de l’URSS. Depuis, le conflit n’a jamais cessé avec l’Azerbaïdjan qui revendique ce territoire et pilonne régulièrement la population. En décembre dernier, le corridor de Latchine, unique route qui relie la République de l’Artsakh au monde extérieur, via l’Arménie, est bloqué par Bakou. L’objectif est d’y provoquer des privations, de l’insécurité et de pousser les populations à l’exil. Les appels au secours de l’Artsakh auprès de la communauté internationale n’ont donné lieu qu’à des condamnations de principe, mais aucune sanction permettant d’exercer une pression véritable sur l’Azerbaïdjan et son allié turc. Depuis le conflit en Ukraine, la Russie qui assurait la sécurité du corridor ferme les yeux et laisse faire. L’Artsakh demande la mise en place d’un couloir humanitaire aérien et une pression internationale permettant de garantir sa sécurité. Les habitants manquent de tout, médicaments, nourritures, carburants…
Pour François Alfonsi, il faut s’engager dans des sanctions : « L’intérêt de ce débat aura été de montrer déjà à quel point le Parlement européen et l’Europe en général est sensible à l’évolution de la situation en Arménie et dans le haut-Karabakh. Dans vos précédentes interventions vous avez dit que le maximum des pressions avait été mis en œuvre, et dans la suite du débat nous avons constaté que la pression des sanctions n’a pas été mise en œuvre et qu’elle reste à disposition. Le scénario le plus pessimiste que l’on pourrait avoir dans cette région serait une aggravation du conflit, un nettoyage ethnique dans la région du haut-Karabakh, étant donné la supériorité militaire qui est celle de l’Azerbaïdjan sur le terrain. Est-ce que l’arme des sanctions est envisagée pour empêcher, pour prévenir surtout, une telle issue ? »
Réponse évasive du Commissaire comme souvent, condamnation mais sans s’engager plus avant et en renvoyant sur une responsabilité qui relève des États.
C’était l’actualité de ce 18 juin : en février prochain, Missak Manouchian et son épouse Mélinée entreront au Panthéon. C’est un geste fort envers la communauté arménienne. Rescapé du génocide arménien, communiste, poète, il avait choisi la France au point d’entrer en résistance contre l’Allemagne nazie dans le réseau d’étrangers qu’il avait créé, alors que nombre de Français collaboraient avec l’ennemi… et il a donné sa vie avec 21 de ses compagnons fusillés avec lui le 21 février 1944. Il sera le premier étranger et communiste à entrer au Panthéon des grands hommes.
Cette reconnaissance est plus que louable, elle envoie des messages importants vis-à-vis de l’histoire douloureuse de la France et de l’Europe, et surtout envers la reconnaissance du génocide arménien, mais ne faudrait-il pas, aussi, regarder cette histoire aujourd’hui en intervenant pour garantir la sécurité et la liberté de l’Artsakh ?
Qu’aurait dit Missak Manouchian de ce nouveau projet de nettoyage ethnique, un siècle après le génocide ? •