Le 26 octobre 2024, Muhammad Khalid Hanafi, ministre taliban de la promotion de la vertu et la répression du vice, annonce la promulgation d’une nouvelle loi, intimant les femmes au silence. Aucune femme ne pourra entendre la voix d’une de ses consœurs, plus aucun chant, plus aucun bruit, elles devront privilégier le chuchotement lors de leur prise de parole. Le ministre taliban va plus loin encore, « même quand une femme prie, et que d’autres femmes passent à côté, elle doit s’abstenir de prier trop fort, pour ne pas être entendue ». En cas de non-respect, elles seront arrêtées et envoyées en prison, voire lapidées, Muhammad Khalid Hanafi étant en faveur de ce changement de punition attribuée aux femmes, uniquement.
Depuis le retour au pouvoir des talibans à l’été 2021, les femmes afghanes ont vu leurs droits et leurs libertés annihilés par l’interprétation sectaire de la Charia. De nombreuses lois ont été adoptées, supprimant d’abord leur droit à l’éducation, puis à la réunion dans certains lieux, jusqu’à leur moyen d’exprimer leur identité.
Il n’y a plus de femmes dans les rues d’Afghanistan, juste des ombres de tissus, sans visage et désormais sans langage.
Un bouleversement pour les organisations de protection des droits de l’Homme, qui déjà le 27 août 2024 avait demandé l’abrogation immédiate d’une loi décrite comme étant « intolérable », promulguée par le ministère de la vertu et de la prévention du vice. Cette loi réduisait, elle aussi, la voix des femmes au silence et les privait de leur autonomie individuelle. Il était imposé aux femmes de se couvrir le visage et le corps entièrement en quittant la maison et veiller à ce que leur voix ne soit pas entendue.
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, avait alors demandé aux autorités de facto d’abroger immédiatement cette loi, pour violation flagrante des obligations de l’Afghanistan aux droits de l’Homme.
Cet appel, s’il avait été entendu en août, est désormais lui aussi rendu de nouveau au silence. •