Débat au Sénat

L’intervention de Paulu Santu Parigi

Sous les applaudissements sur les travées notamment des groupes GEST (Écologiste Solidarité et Territoires) et SER (Socialiste Ecologiste et Républicain), Paulu Santu Parigi a appuyé ainsi le projet de loi présenté. Son lobbying auprès de son groupe et des autres groupes de la Haute-Assemblée (c’est ainsi que l’on nomme le Sénat) n’est pas pour rien dans ce vote qui fera date pour la poursuite du combat pour la reconnaissance des langues régionales, particulièrement dans l’Education Nationale.

 

«En préambule, je tiens à remercier, au nom du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, les sénateurs ici présents. Dans un esprit transpartisan, vous avez contribué, mes chers collègues, à redonner du sens et de la teneur à ce texte ambitieux pour nos langues, légitime pour notre histoire, fidèle à notre culture, à nos racines. Vous avez même redonné de l’âme, dirais-je, à cette proposition de loi vidée de sa substance par la majorité des députés, confortée par un gouvernement encore hanté par le fantôme de l’idéologie monolinguiste, par un État qui ânonne l’importance de soutenir les langues régionales tout en réduisant les moyens qui leur sont consacrés.

Au pays du centralisme jacobin, hostile à toute la diversité linguistique, alors que la Constitution édicte que les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France, on laisse ces langues mourir en silence, empêchant toute déclinaison législative de ce principe constitutionnel et – pis! – en sapant les timides avancées proposées, comme vous l’avez fait, Monsieur le Ministre, dans le cadre de la réforme du baccalauréat.

Vous ne duperez personne, Monsieur le Ministre; les déclarations et les vœux pieux ne feront pas revivre nos langues, reconnues si tardivement par la République française. L’urgence à agir pour assurer l’enseignement de ces langues et leur promotion est à la mesure des talents que l’on a développés, en France, pour les éradiquer.

En donnant d’un côté et en reprenant de l’autre, vous démontrez votre volonté délibérée de rompre le progrès fragile qui prévalait depuis cinquante ans, foulant aux pieds l’histoire linguistique et le multilinguisme de la France et créant un ennemi virtuel de la République en brandissant le spectre du séparatisme. Mais, Monsieur le Ministre, c’est la folle volonté de l’État qui nous y accule! Si nos langues doivent être sauvées, c’est au nom de la richesse culturelle, qui charrie d’autres rêves que ceux de la globalisation et de l’implacable conformisme auquel on plie nos destins tout entiers, c’est au nom de l’avenir de nos enfants, à qui l’on doit enseigner le plurilinguisme, et au nom de l’exercice des libertés de tous.

Sur les travées de la Haute Assemblée, c’est notre patrimoine vivant qui s’est exprimé aujourd’hui, le passé et l’avenir de nos langues que nous ne laisserons pas mourir sous la férule jacobine.

Vi ringraziu! Trugarez! Milesker! Velmol merci! Je vous remercie !» •