O Corsu, salva a to lingua, adopra l’insignamentu immersivu !

A lingua corsa truverà u so fiatu ? À longa à a nostra lotta, hè puntellu. Pè u pòpulu, senza lingua, ùn ci hè più identità, in tutti casi cum’è l’avemu cunnisciuta sin’à avà. A lingua hè lea trà e generazioni, hè sumente d’esse è di cultura. Hè forza di vita per fassi nazione. U Statu a sà chì vole sradicacci è uniformizà tutte l’identità di i so territorii. U paese di Marianna s’hè custruitu nant’à u so billicu pariginu è u so giacubinìsimu affoca i nostri dritti. A lingua corsa deve resiste è ùn puderà campà chè da a vuluntà accanita di i Corsi à mantènela viva.
O Corsu, parla, scrive è tramanda a to lingua !

 

 

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale a été confirmé à ce poste. Pour les langues régionales en France, c’est une catastrophe. Regroupés au sein du Collectif Pour Que Vivent Nos Langues, les enseignants et les associations de défenses de ces langues, mènent depuis deux ans maintenant plusieurs actions, dont la plus marquante a été de rassembler plusieurs centaines de personnes à Paris le 30 novembre 2019 pour protester contre la réforme Blanquer qui remet en cause les droits péniblement acquis jusqu’ici. Une lettre ouverte lui a été remise. Rien y a fait. Ce 18 juin 2020, une nouvelle délégation de représentants élus ou associatifs du Collectif Pour Que Vivent Nos Langues ont pu être reçu à l’Élysée, de façon éphémère, le temps de remettre une nouvelle lettre ouverte, cette fois-ci au Président de la République, Emmanuel Macron. Là encore, pas de réponse jusqu’ici.

 

Espérer, tout miser sur la réforme de l’Education Nationale est illusoire. Beaucoup s’en rendent compte. L’État ne nous fera jamais de cadeau. Il faut donc se prendre en main, comme l’ont fait d’autres territoires, au Pays Basque (ikastolas), en Bretagne (Diwan), en Catalogne (Bressola), en Occitanie (Calendretas), en construisant des système d’enseignement immersif.

La Corse doit suivre ce chemin et bâtir cette alternative qui pourra aussi jouer le rôle d’aiguillon pour un enseignement public revivifié.

« Tous les constats sont là : les voies pour assurer la transmission de la langue corse dans l’Éducation Nationale sont bouchées. C’est une tendance nationale, comme l’a montré la manifestation du 30 novembre à Paris, et c’est une réalité corse » explique François Alfonsi, député européen de la Corse, porteur d’une motion en faveur de l’enseignement immersif lors de la dernière Assemblée Générale de Femu a Corsica. « En Alsace, et surtout en Euskadi et en Bretagne (Seaska et Diwan), il s’est développé une filière par immersion qui va de la maternelle au lycée, et qui, depuis 30 ans qu’elle existe, a réussi à se développer en primaire, puis en collège et en lycée, jusqu’à produire des bacheliers véritablement bilingues » plaide l’eurodéputé qui argue des progrès importants dans ces filières. « Les compétences acquises en “langue régionale” y sont bien meilleures, et les jeunes qui en sortent sont le vivier des compétences linguistiques qui seront disponibles demain pour maintenir ces langues en vie. »

 

Comment fonctionne l’enseignement associatif immersif ? C’est un enseignement « sous contrat » qui négocie chaque année avec l’État, via le Rectorat, des postes budgétaires pour ses enseignants, tout comme le fait l’enseignement catholique par exemple.

150 postes sont ainsi financés par l’éducation nationale aux écoles de St Paul (Aiacciu) et Jeanne d’Arc (Bastia). Cette possibilité ouverte pour l’enseignement confessionnel est une brèche où les défenseurs de la langue corse peuvent s’engouffrer pour agir.

À l’appui de l’adoption massive de sa motion, François Alfonsi travaille à bâtir cette offre associative en Corse aussi, comme elle existe ailleurs, notamment en Pays Basque ou en Bretagne.

 

La mobilisation militante est indispensable, et la foi enseignante l’est encore plus. Il faut regrouper des volontaires, gagner la confiance des parents, bâtir une offre pédagogique solide, trouver des locaux, et faire vivre le projet par toutes sortes d’animations pour donner les moyens à l’école de fonctionner avec efficacité. En Pays Basque par exemple, des courses populaires, des compétitions sportives, des kermesses et autres manifestations ludiques permettent de maintenir l’engouement autour du modèle, de garder mobiliser parents et enfants, mais aussi de récolter des fonds indispensables.

L’enseignement immersif est vital au bon apprentissage d’une langue. Il prodigue l’enseignement non seulement de, mais aussi en langue corse. C’est ce qui fait toute son efficacité.

En Alsace, en Bretagne, au Pays Basque, mais aussi au Pays de Galles, en Ecosse, en Catalogne, etc., la réussite de ce modèle repose sur le soutien des collectivités locales. « Un “écosystème éducatif alternatif” a ainsi été développé et maintenu, avec, malgré les difficultés et les embûches, une progression régulière des effectifs » témoigne François Alfonsi.

Pour sûr, avec des nationalistes aux responsabilités depuis maintenant cinq ans, avec les moyens que dégage déjà le Président du Conseil Exécutif de Corse, avec sa volonté surtout, si une telle démarche pouvait se construire, elle trouverait naturellement tout l’appui des institutions de la Corse pour se développer. D’autant que la première structure pourrait naître avec le soutien de la ville de Bastia qui vient de se doter d’un adjoint à la langue corse en la personne de Lisandru De Zerbi, très intéressé par le projet.

Eccu a scumessa ! Appuntamentu hè datu à a rientrata per fà cresce è sbuccià l’edea !

Fabiana Giovannini.