Langue bretonne

Un festival original

Gouren, la lutte bretonne
La GBB (Gouel Broadel ar Brezhoneg – Fête de la Langue Bretonne) est un des piliers de la mobilisation continue des militants bretons pour leur langue. Elle a lieu tous les deux ans, sous un format original, sur un site du centre Bretagne dans le bourg-centre de la commune de Langonned.

 

Nous avons beaucoup à apprendre des expériences lancées par d’autres que nous. C’est le cas avec les Basques, où la créativité militante est légendaire, et chez les Bretons eux aussi très engagés pour le combat linguistique. Leurs démarches sortent des sentiers battus, et il est régénérant de voir leur dynamisme à l’œuvre.

Ainsi en est-il de cette fête culturelle à laquelle j’ai été appelé à participer pour animer le grand débat consacré cette année à la dynamique « Pour Que Vivent Nos Langues » et aux suites à donner à la loi Molac et à sa censure par le Conseil Constitutionnel.

 

Présentation de l’affiche de l’édition 2021.

LA GBB, c’est d’abord un site, clôturé et délimité par les organisateurs, dont l’entrée est commandée par l’achat d’un « Pass » que l’on fixe à son poignet et qui permet d’y pénétrer durant les 48h que dure l’événement. Une fois franchie la porte, on s’engage dans un « espace breton » où tout se fait, et doit se faire, en breton. Même si le principe n’est pas absolu, la rupture d’ambiance est largement perceptible.

Le savoir-faire des organisateurs est de mettre tous les moyens en place pour que la langue bretonne soit dominante. Ainsi, le débat principal auquel je participe se tient en breton, et nous sommes quelques-uns à bénéficier des services d’un interprète à travers des écouteurs. Et même chose sur les différents stands et animations, surtout à destination des plus jeunes. Chaque tranche d’âge dispose d’un stand de jeux où les « enfants Diwan » se font remarquer par leur aisance dans la langue grâce à l’enseignement par immersion dont ils bénéficient durant leur scolarité.

L’espace dédié à la fête est aussi « autonome » par la monnaie qui y circule, le lurr équivalent à un euro dont on va retirer les coupures dans une « banque » qui est un des stands de la place. Achats, repas, consommations sont effectués avec cette monnaie ponctuelle, dont beaucoup collectionnent les coupures, contribuant ainsi aux finances de l’opération.

Un grand bar et des stands de restauration militante forment une grande part de la logistique d’accueil des participants, à la jauge limitée cette année en raison des contraintes sanitaires. Une scène est dressée qui accueille tout ce qui constitue les nouveautés des groupes culturels de Bretagne.

Un tournoi de lutte bretonne, sport spécifique à l’aire celtique et revitalisé par le mouvement breton, est une des principales animations. Les athlètes sont concentrés sur leurs combats, les spectateurs les encouragent et commentent leurs prouesses. Là encore la langue bretonne doit être utilisée, arbitres et commentateurs en tête.

 

Le public est familial et bon enfant. On l’imagine alimenté par les parents des écoles Diwan, par les adultes qui fréquentent les cours du soir pour apprendre la langue bretonne, et aussi par les locuteurs naturels de la langue qui viennent partager un des rares espaces publics où ils peuvent s’exprimer sans crainte de ne pas être compris.

À la fin de ces deux journées très conviviales, il reste le sentiment d’avoir fait vivre la langue bretonne, d’avoir conforté la fraternité de tous ceux qui en partagent le combat, et quelques dizaines de milliers d’euros qui sont aussitôt répartis au profit de toutes les structures actives « pour que vive la langue bretonne ». •

F.A.