Umagiu à Michèle Rivasi

Immense perte pour l’écologie, la santé, la démocratie

Michèle Rivasi est décédée subitement à l’âge de 70 ans ce 29 novembre à Bruxelles, alors qu’elle s’apprêtait à mener une nouvelle journée de combats au Parlement européen. Car Michèle était une combattante, imprégnée de courage, de détermination, de volonté. C’est une grande perte pour l’écologie politique, pour la santé, pour la démocratie. Infatigable et acharnée contre les injustices, elle a dédié sa vie à lutter pour la protection du vivant, la transparence en politique, la vérité, la justice.

 

Femme de proximité, simple, disponible et généreuse dans tous ses engagements, Michèle Rivasi était une scientifique qui apportait énormément aux combats associatifs, pour lutter contre les injustices et les mensonges des puissants. Parlementaire européenne depuis 2009, elle n’avait pas oublié le terrain et répondait à chaque sollicitation, des associations de défense de l’environnement aux victimes des scandales sanitaires, comme aux côtés des peuples autochtones, dans leurs luttes contre la déforestation et pour la justice climatique.

Spécialiste des questions de santé environnementale et de santé publique, elle avait fondé la Criirad en 1986 pour fournir des données scientifiques indépendantes face au mensonge français. Elle s’est aussi beaucoup investie auprès de l’Association trançaise des malades de la thyroïde (AFMT). Elle était une combattante acharnée contre le nucléaire et contre tous les lobbies industriels, agro-alimentaires, chimiques, pharmaceutiques… C’était une lanceuse d’alertes parmi les lanceurs d’alertes aux côtés des victimes des scandales sanitaires et environnementaux : Mediator, prothèses mammaires, Levothyrox, glyphosate, amiante, pollutions électro-magnétiques… Elle a été particulièrement virulente contre l’opacité qui entoure la gestion de la crise Covid et les soupçons de corruption au sein des institutions européennes à travers le scandale des « contrats Pfizer ». Au cœur du combat pour l’interdiction du glyphosate, elle a obtenu la mise en place d’une commission spéciale au parlement européen pour travailler en faveur d’un scénario de sortie. Elle a dénoncé le scandale des Monsanto Papers en 2019 avec la révélation d’un fichier de 200 personnalités (scientifiques, politiques, journalistes) mises sous surveillance par le géant de l’agrochimie Monsanto, en fonction de leur influence par rapport aux OGM et aux pesticides. Elle a initié en 2017 la marche des cobayes Vérité et Justice pour la santé environnementale qui a relié Fos sur Mer à Paris pour la reconnaissance du crime environnemental.

Malbouffe, pollutions, exposition aux pesticides ou aux produits toxiques, perturbateurs endocriniens, et les conséquences sur la santé : maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, cancers, obésité, troubles du comportement et de la reproduction, maladies neurodégénératives, accidents médicamenteux ou vaccinaux… Michèle Rivasi manquera à tous ces combats…

 

Elle aimait beaucoup la Corse et a épousé toutes nos luttes pour la défense de l’environnement, à commencer par celui contre le mensonge d’État suite à la catastrophe de Tchernobyl où elle soutient le docteur Fauconnier et quelques militants obstinés qui finiront par faire reconnaître que le nuage ne s’est pas « arrêté aux frontières ». Elle nous a soutenu également pour obtenir une enquête épidémiologique prouvant l’impact du nuage radioactif puis pour la création d’un registre des cancers. Elle s’est impliquée fortement pour l’abandon du fioul lourd, pour dénoncer la pollution du Vaziu, pour le développement des énergies renouvelables. Elle a agi pour l’arrêt de l’exploitation offshore en Méditerranée, dans le sanctuaire Pelagos. Il y a quelques mois, elle était encore aux côtés du collectif Tavignanu Vivu pour dénoncer le projet de centre d’enfouissement de déchets ménagers et de déchets amiantifères. Elle était encore avec nous pour dénoncer le scandale de l’amiante en Corse et a toujours été proche des combats des associations de défense de l’environnement pour le respect de la loi Littoral et des règles d’urbanisme.

Elle s’est engagée auprès du combat autonomiste corse en 2009 à l’occasion des élections européennes où elle conduisait la liste Sud Est pour la démarche Europe Écologie en plein essor. L’ouverture est faite à la Fédération Régions & Peuples Solidaires et François Alfonsi y occupait la seconde place. Elle était l’une de nos avocates auprès des Verts pour défendre l’autonomie de la Corse, la coofficialité de la langue, le statut de résident, le statut fiscal… C’était une amie de tous nos combats.

Arritti présente ses condoléances à sa famille, ses amis, tous ceux qui la pleurent. U so esempiu di militente accanita per l’ambiente, pè a salute è pè a demucrazìa ci dà forza. Ch’ella riposi in pace. •

 

Eurodéputée depuis 2009, membre d’Europe Ecologie les Verts, Michèle Rivasi a été députée de la Drôme de 1997 à 2002, vice-présidente du conseil général de la Drôme et adjointe au maire de valence de 2008 à 2009. Co-fondatrice et première présidente de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) en 1986, elle a cofondé également, avec Corinne Lepage, l’Observatoire de vigilance et d’alerte écologique (Ovale) et cofondé le Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électro magnétiques non ionisants (Criirem). Elle a également présidé Greenpeace France de 2003 à 2004. En 2016, elle devient membre du Conseil d’Administration de la Fondation Danielle Mitterrand – France Libertés pour la création d’alternatives démocratiques, solidaires et écologiques pour la planète et pour les droits humains. •