Interrogé par Sébastien Tieri de France 3 Corse Via Stella, Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de Corse et élu sur la liste de Pierre Savelli à la mairie de Bastia, livre ses premières impressions après le scrutin municipal du 28 juin 2020. Extraits.
Après un sérieux avertissement au premier tour, les nationalistes sortent renforcés du scrutin et sonnent la droite et la gauche, comment analysez-vous le message des électeurs ?
Je crois qu’effectivement entre le premier tour le 15 mars et le deuxième le 28 juin, il y a un certain nombre de leçons qui ont été tirées. Il y a eu une mobilisation forte sur le terrain, notamment à Bastia, puisque c’est l’endroit que je connais le mieux. Une mobilisation militante, une mobilisation aussi des militants venus d’autres communes voisines, du travail de terrain, et puis la volonté bien sûr d’aller vers les gens et dire qu’il fallait impérativement continuer à s’investir… Avec un avertissement bien sûr dont il convient de tirer les leçons. Je crois que c’est ce que nous avons fait et continuerons à faire dans les semaines et les mois à venir.
Votre nom circule pour prendre la présidence de la Communauté d’agglomération, est-ce que ça fait pas un peu trop avec celle de l’Exécutif ?
Au moment où nous parlons, il n’y a rien de décidé. On l’a dit et répété, la Communauté d’agglomération est un outil extrêmement important, notamment sur le développement économique, pour les cinq communes qui la composent. Nous allons discuter avec nos partenaires de la présidence, des vice-présidences, mais aussi et surtout du projet. En ce qui me concerne, je participerai bien sûr à ces discussions. Rien n’est écarté au moment où je parle, mais rien n’est acquis. Ce qui est certain, c’est que j’ai entendu le message comme l’ensemble des colistières et colistiers, il faut être présent sur le terrain. Moi, je suis aujourd’hui Président du Conseil Exécutif de Corse et je suis fier d’exercer cette fonction. Ceci étant je serai aussi très présent à Bastia et à la Communauté d’agglomération avec les autres élus.
Pas forcément un Bastiais, comme ça a toujours été le cas ?
Je pense qu’il faut dépasser les visions héritées d’une certaine façon de concevoir la Communauté d’agglomération. Bastia représente 75% du territoire communautaire, mais en même temps il y a d’autres communes qui ont toute leur place, et une place majeure dans la Communauté d’agglomération. Et puis la Communauté d’agglomération est au service des communes, au service d’une vision, l’articulation avec la Collectivité de Corse, avec les autres territoires, je ne pense pas que ce qui est important soit l’origine de celui ou de celle qui sera président.
On a entendu Jean Christophe Angelini assez véhément. Il faut dire que vous avez soutenu un candidat contre lui au premier tour, vous ne l’avez pas vraiment soutenu au second, à Portivechju et dans l’interco, ça devient une place forte, il va falloir ouvrir les discussions avec le PNC, revoir l’équilibre ?
La discussion au sein de la majorité territoriale, elle est naturelle. Elle va avoir lieu selon des modalités que j’aurais d’ailleurs à proposer. Ceci étant je pense que toute discussion implique aussi nécessairement pour les uns et pour les autres une part d’autocritique. Et puis au-delà de la nécessaire discussion avec la majorité territoriale, il faut discuter avec les autres nationalistes, je note d’ailleurs que quelles que soient les divergences ou les différences, au second tour, l’électorat nationaliste s’est massivement mobilisé, au-delà des appareils. Et puis au-delà de ces discussions internes aux nationalistes, il y a la discussion avec l’ensemble des Corses. Je continue à être fidèle aux engagements que nous avons pris devant les Corses. Notre engagement c’est le fil historique de la lutte du peuple corse, et en même temps la volonté de construire cette île et ce pays avec tous les Corses.
Vous intégrez toujours Corsica Lìbera avec la liste Pè a Corsica ? La démarche restera aux prochaines territoriales ?
Corsica Lìbera est un mouvement qui fait aujourd’hui partie de la majorité territoriale, qui a une historicité incontestable, pour moi il est évident que Corsica Lìbera est partie prenante de toutes les discussions que nous aurons à mener. Maintenant à chacun aussi de faire sa part d’analyse, d’endosser éventuellement sa part de responsabilité dans les difficultés que nous avons connues lors des dernières semaines et de tirer les leçons de ce qui n’est pas allé.
Vous pourriez récupérer le Syvadec, vous avez la CAB, vous avez d’autres interco, la Région, peut-être un sénateur en septembre, sur les dossiers concrets comme les déchets par exemple, il n’y aura plus d’excuses pour ne pas réussir…
Là aussi il faut attendre que les intercommunalités désignent leurs délégués au sein du Syvadec. Ensuite il faudra parler du projet. Vous savez que, en ce qui nous concerne, nous sommes pour une généralisation du tri. Nous sommes aussi pour que l’on résout, et vite, ce problème lancinant qui est un problème essentiel dans le quotidien des gens. Si nous trouvons une majorité pour porter cette vision au sein du Syvadec, effectivement nous aurons à faire la preuve que nos choix sont les bons, mais, en ce qui me concerne, je ne doute pas qu’ils le soient.
La décentralisation revient au cœur du jeu, Jacqueline Gourault pourrait venir en Corse dans les 15 jours, vous croyez en un nouvel épisode avec ce vote massif ? Il y en a eu d’autres avant, il ne s’est rien passé…
Là aussi il faut être très clairs. Au-delà des bonnes relations par exemple que nous pouvons avoir sur des dossiers techniques avec le préfet de Corse, le dialogue politique fait défaut avec le gouvernement, et avec l’État. S’il y a ouverture d’une nouvelle phase de décentralisation au plan français, ce que je souhaite pour ma part, je pense qu’il faut que le président de la république dise clairement que pour la Corse nous parlerons d’un statut d’autonomie de plein exercice et de plein droit.