PATRIOTTI est un Collectif d’anciens prisonniers politiques corses. À l’invitation de François Alfonsi, ils ont été reçus par une délégation de députés européens de l’ALE, au Parlement à Bruxelles ce 21 janvier. Une rencontre qui a permis d’exposer l’arbitraire fait aux anciens détenus, et d’évoquer différentes pistes pour sortir de cette situation de non droit. Explications.
Ils sont anciens prisonniers, ont payé leurs dettes envers la société, mais ils continuent d’être punis, poursuivis, harcelés par le système judiciaire français, à l’encontre des législations européenne ou française. Cette situation intolérable démontre le fossé qui perdure entre la Corse et Paris. Cela a été dit et répété par l’ensemble des organisations nationalistes, par le président du Conseil Exécutif de Corse, Gilles Simeoni, par des associations à but humanitaire comme la Ligue des Droits de l’Homme, et même par d’anciens ministres, comme Michel Rocard : on ne pourra trouver de solution politique au problème corse, sans passer par une solution politique pour les prisonniers. C’est vrai pour la Corse, c’est vrai pour toute situation de conflit dans le monde.
Depuis maintenant 5 ans, le FLNC a mis fin à la lutte armée. De nombreux militants restent emprisonnés ou poursuivis, des centaines d’autres restent sous surveillance maintenus dans une précarité intolérable.
C’est pour dénoncer cette situation que le Collectif Patriotti a été reçu ce 21 janvier à Bruxelles à l’invitation de François Alfonsi. Jean Philippe Antolini, Olivier Sauli, Patrice Murati et Félix Benedetti ont été reçus par François Alfonsi, Tonì Comin (député Junts pel sì qui vient de faire son entrée au parlement européen avec Carles Puigdemond malgré un mandat d’arrêt international de l’Espagne), Tatiana Zdanoka (minorité russophone), ainsi que Diana Riba, député d’Esquerra Republicana de Catalunya (épouse de Raül Romeva, injustement emprisonné avec Oriol Junqueras pour avoir participé à l’organisation du référendum pour l’indépendance de la Catalogne). Était également présent, l’eurodéputé basque de Bildu, Pernando Barrena. Cette rencontre a permis d’évoquer la situation qui frappe les prisonniers politiques corses, comme les anciens détenus qui continuent à être harcelés par le système judiciaire français. Inscriptions aux fichiers Finiada (détention d’armes), Fnaeg (empreintes génétiques), Fijait (anti-terrorisme contre Daesh), mais aussi amendes exorbitantes et autres contraintes, l’attitude du gouvernement français vise à humilier ces militants et à les maintenir dans l’exclusion sociale, en les empêchant de retrouver une vie normale.
On estime à un millier les anciens prisonniers politiques corses, 200 au moins souffrent de la question des amendes aujourd’hui, une centaine adhèrent au Collectif Patriotti.
Plusieurs pistes de travail ont été évoquées avec les eurodéputés de l’ALE sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. Pour François Alfonsi, « avec l’État français, comme avec l’État espagnol, il y a un esprit très négatif
qui est un vrai problème pour toutes les forces démocratiques que nous représentons à l’ALE. À l’heure où la répression politique s’abat trop souvent en Europe, et où l’arbitraire menace avec la montée de l’extrême droite aux portes du pouvoir dans plusieurs pays, ces questions sont importantes pour l’avenir. Au lieu de soutenir une évolution vers la paix et le recours définitif à l’action démocratique pour la défense des revendications du peuple corse, l’État français poursuit une “vengeance d’État” et aggrave à sa guise les peines prononcées par la justice par le biais de procédures administratives abusives. Il faut y mettre un terme ».
À suivre donc.