Pierre Alessandri a entamé sa 22e année d’emprisonnement. Depuis mai 2017, il est – conformément au droit français – éligible à une libération conditionnelle, tout comme d’ailleurs Alain Ferrandi. Mais sa demande vient d’être rejetée une nouvelle fois par la Cour d’Appel de Paris, alors qu’en première instance, le 30 octobre 2019, le tribunal avait fait droit à cette demande. Tout comme sont rejetées systématiquement leurs demandes de rapprochement à la prison de Borgu. Femu a Corsica dénonce cette situation qui ne relève pas du droit, mais de la vengeance d’État.
«La Cour d’Appel de Paris vient d’infirmer, par arrêt en date du 30 janvier 2020, la décision de première instance ayant fait droit à la demande de libération conditionnelle de Pierre Alessandri. Cette décision est lourde de conséquence en son principe comme en sa motivation. En son principe d’abord : les premiers juges avaient autorisés Pierre Alessandri à continuer à purger sa peine à Borgu sous le régime de la semi-liberté, dans le cadre d’un projet de réinsertion professionnelle soumis à de strictes conditions de contrôle. Par ce jugement, ils avaient ouvert la porte à l’espoir, après 21 très longues années de prison purgées à l’extérieur de l’île. Cette porte ouverte sur l’espoir vient d’être brutalement refermée par les juges d’appel, y compris dans sa dimension relative à la mise en oeuvre effective du droit au rapprochement prévu par les droits français et européen. L’arrêt de la Cour d’Appel est inquiétant en son principe.
Il l’est également par sa motivation.
Les juges retiennent en effet, pour refuser la liberté conditionnelle, des motifs tantôt inexacts (les cérémonies en hommage au Préfet Erignac donneraient lieu à «des tensions »), tantôt sans rapport avec la personnalité ou les faits pour lesquels Pierre Alessandri a été condamnés (la France subit des attaques terroristes sur son sol ou à l’étranger pour des causes certes étrangères à la situation de la Corse mais dans ce contexte de terrorisme islamiste, « il faut conserver à la peine son caractère d’exemplarité »).
Ces motifs ne résistent pas à l’examen.
Près d’une génération a passé depuis que Pierre Alessandri a commencé à effectuer la peine de prison prononcée contre lui. La grande majorité de la société corse, des organisations humanitaires comme la Ligue des Droits de l’Homme, de nombreux élus de toutes les familles politiques, en Corse comme à l’extérieur de l’île, ont demandé et demandent que le droit au rapprochement soit appliqué à Pierre Alessandri, mais également à Alain Ferrandi et Yvan Colonna.
Et que leurs demandes de libération conditionnelle soient examinées et jugées conformément au droit, sans être polluées par la raison d’État ou l’esprit de vengeance. C’est cela aussi, rendre crédible et durable la logique de justice et de paix.
Femu a Corsica ne peut que condamner fermement ce qui constitue encore une fois, une fois de plus et de trop, la perpétuation d’une vengeance d’État maquillée par des arguments juridiques fallacieux qui ne résistent pas à l’analyse de fond.
L’État de Droit n’est pas le Droit de l’État. Et dans les paroles «État de Droit » le mot qui doit prévaloir en toute circonstance pour être conforme à la justice, c’est bien évidemment le mot «Droit ».
En l’occurrence, dans le cas précis, le Droit au rapprochement et à une liberté conditionnelle est bafoué et piétiné, nourrissant le terreau de l’injustice. Cela n’est pas responsable. Cela n’est pas digne d’un État qui se veut le chantre de valeurs démocratiques. Nous en appelons à un sursaut rapide des frais démocrates et à un règlement politique et juridique urgent de cette question. Il ne peut y avoir de « peines de mort » déguisées. Nous apportons notre soutien total aux familles concernées face à cette nouvelle preuve d’arbitraire. »
Pà a Ghjunta Femu a Corsica
Ghjuvan’Felice Acquaviva,
Sicretariu Naziunale.