Prisonniers politiques

Sauf réponse, la mobilisation pourrait monter d’un cran

L’Ora di u ritornu, Ghjuventù Indipendentista, Cunsulta di a Ghjuventà Corsa, Ghjuventù Paolina, Ghjuventù in Core, Ghjuventà Lìbera, Aiutu Patriotticu, Aiutu Paisanu, Associu Sulidarità, Associu à Fianc’à Noi et Mossa Paisana, organisations de prisonniers, syndicats étudiants ou autres collectifs nationalistes, se sont réunis ce 24 octobre devant la prison de Borgu pour dénoncer les abus du pouvoir sur la question des prisonniers et rappeler à l’État que celle-ci doit être au cœur de toute discussion.

 

 

Cela a été dit et redit, systématiquement, plusieurs fois dans l’histoire ancienne ou récente, la question des prisonniers fait partie intégrante de toute solution politique au « problème corse ».

 

Plus d’une centaine de personnes devant la prison de Borgu

Plus d’une centaine de personnes se sont réunies devant la prison de Borgu. Bien sûr, parmi les motivations de cette mobilisation, la demande de libération de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, qui y sont détenus et qui sont conditionnables depuis cinq ans. Mais malgré leur conduite irréprochable en prison et l’accord du juge d’application des peines, ils sont maintenus en détention après appel du Parquet, systématiquement, à chaque demande de remise en liberté. Pire, dénonce le collectif d’organisations nationalistes, « la Chambre d’application des peines antiterroristes, motive sa décision argumentant que la libération de ses hommes constituerait un trouble à l’ordre public, et favoriserait un contexte peu propice à l’apaisement. Mais en laissant la situation telle qu’elle est, l’État prend lui-même le risque de provoquer des troubles à l’ordre public en Corse ».

Les organisations rassemblées demandent à ce que la situation des deux hommes soit traitée lors des discussions à Paris, au moyen d’une réunion spécifique qui doit se tenir avant toute reprise des négociations. Elles demandent notamment une accélération des dates de leur audiencement afin que leur libération soit décidée avant la prochaine réunion des élus à Paris, prévue en novembre.

Leur colère est d’autant plus compréhensible qu’une note de la Direction centrale de la police judiciaire, relevant du ministère de l’Intérieur, a été récemment divulguée par Corse-Matin sous le titre « Le contentieux corse. État actualisé de la menace ». Ce rapport, rédigé en novembre 2021, aurait été réactualisé en janvier 2022 et versé au dossier d’audiencement d’Alain Ferrandi à quelques heures de celui-ci. C’est sur cette note certainement que le Parquet fait appel de la demande de remise en liberté prononcée par le juge d’application des peines et obtient son maintien en détention. Même chose pour Pierre Alessandri le 29 septembre dernier.

 

Le Fijait ne devrait concerner que les islamistes

Les organisations nationalistes demandent aussi que le cas de Jean Christophe Albertini, Antoine Pes, Julien Muselli et Adrien Matarise, détenus également potentiellement conditionnables, soient abordés et « qu’il y ait une solution juridique adaptée pour chacun d’entre eux ».

L’inscription au Fijait (fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes) ne devrait concerner que les détenus islamistes et pas les détenus politiques, dit encore ce collectif d’organisations qui demandent l’abandon de toutes les charges « contre les militants poursuivis suite aux mobilisations passées ».

« Ce que nous attendons ce sont des actes forts » disent ces organisations nationalistes qui promettent ensemble « de monter d’un cran » la mobilisation si elles n’étaient pas entendues. •