"Affaire Colonna"

Teni forte o Yvan !

Stupeur et émotion ce mercredi 2 mars, à l’annonce de l’agression contre Yvan Colonna à la prison centrale d’Arles. Violemment projeté de dos, sauvagement frappé au sol, sa trachée écrasée pendant plus d’une minute, puis étouffé par un sac plastique pendant un long moment encore, il est laissé pour mort par son agresseur, un djihadiste employé par la prison d’Arles, et ce n’est que lorsque ce dernier quitte la salle que les surveillants vont constater qu’Yvan Colonna ne respire plus. Annoncé mort, puis en état de mort cérébrale, la nouvelle a choqué toute l’île et suscité de très nombreuses réactions de soutien à sa famille. Après prières et recueillement, la colère a légitimement pris le dessus à l’occasion de la grande manifestation à l’appel des mouvements étudiants sous le mot d’ordre : « statu francese assassinu ». Réunion de toutes les forces nationalistes à Corti, nombreux rassemblements de soutien et protestation jusque dans les régions les plus reculées, envoi de 150 CRS en renfort pour seule réponse de l’État, blocage puis retour sur le continent du navire Corsica Ferries qui devait transporter leur matériel par un coup d’éclat du STC marins, manifestation monstre à l’appel de toutes les organisations de jeunes Corses, violents affrontements, blocages des lycées et de l’Université, nombreux incidents encore lors de rassemblements de soutien de jeunes encore adolescents bléssés…, les événements se succèdent depuis l’annonce de l’agression.

 

Dès les premières heures, tous en Corse se posaient de nombreuses questions auxquels ni le parquet ni le gouvernement n’ont répondu pour le moment. Tant que ces questions resteront sans réponse, les tensions ne pourront pas s’apaiser.

Un détenu a-t-il le droit, quel qu’il soit, quelle que soit sa condamnation, à la protection durant sa détention ?

Comment un condamné pour des faits de terrorisme islamiste radical, s’est-il retrouvé auxiliaire de prison ? Comment a-t-il pu se déplacer librement, et se retrouver seul en présence d’Yvan Colonna, théoriquement placé sous surveillance constante par son statut de Détenu Particulièrement Signalé ? Ce statut de DPS ne servirait-il qu’à empêcher son rapprochement dans l’île ?

Comment a-t-il pu subir un tel assaut durant de longues minutes sans que l’agresseur ne soit dérangé, empêché, malgré la présence de surveillants à proximité, et de caméras de surveillance ? Pourquoi les surveillants ne sont intervenus que lorsque l’agresseur quitte la salle ? Pourquoi s’est-il écoulé encore trois longues minutes avant que des massages cardiaques ne soient prodigués ?

« Manifestement l’agresseur était une grenade dégoupillée » a dit le Président du Conseil exécutif Gilles Simeoni, « qui a dégoupillé la grenade ? Qui a armé son bras ? Qui éventuellement lui a mis en tête qu’Yvan Colonna aurait “blasphémé contre le prophète”* et comment cet homme a pu se déplacer librement, étrangler, étouffer, martyrisé Yvan Colonna sans que personne n’intervienne ou alors bien trop tard, ce sont des questions auxquelles nous demandons des réponses sans délai ».

 

Yvan Colonna aurait dû être rapproché depuis longtemps, tout comme Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Si ce rapprochement avait été accordé, il ne serait pas plongé dans un profond coma aujourd’hui. La responsabilité du gouvernement est entière dans cette affaire et la situation en Corse n’est pas prête de s’apaiser.

Teni forte o Yvan, simu à fiancu à tè. •

 

* Selon les déclarations de l’agresseur, Franck Elong Abe.