Les soirées électorales sont rarement aussi fastes pour les nations sans États en Europe ! Le message envoyé ce dimanche est fort pour le renforcement de l’autonomie basque et pour consolider la majorité politique qui unit le gouvernement Sanchez et les partis nationalistes au Parlement de Madrid.
Dans la Communauté autonome Basque, EH-Bildu et le Parti Nationaliste Basque ont recueilli près de 68 % des voix à eux deux (35,2 % PNV, 32,5 % EH-Bildu) et chacun dispose de 27 sièges au sein de l’Assemblée qui compte 75 sièges en tout. Si le PNV régresse de 4 sièges, il reste en tête du scrutin et le favori pour obtenir la place de Lehendekari (président de la Communauté autonome) comme ils l’ont fait sans discontinuer depuis la première autonomie basque en 1980, soit quarante-quatre ans d’affilée.
Mais le vainqueur du scrutin est sans conteste EH-Bildu qui fait un bond de 6 % et de six sièges. Le parti de la gauche indépendantiste basque est en tête dans deux des trois provinces, Alava et Gipuskoa. En fait EH-Bildu a fini par « basquiser » la quasi-totalité du vote de la gauche au Pays Basque qui, dans un premier temps, avait en partie appuyé l’émergence de Podemos sur la scène politique espagnole. Désormais le nouveau parti Sumar, seul rescapé de ce courant politique, doit se contenter d’un seul siège.
Les socialistes, bien que loin derrière, retrouvent quelques couleurs en gagnant deux sièges après avoir contribué à la majorité qui a installé le PNV au pouvoir il y a quatre ans. Ce gain socialiste compense en partie la perte du PNV et donne à nouveau une possibilité de majorité absolue de 39 sièges (38 sont nécessaires) pour la reconduction de la même coalition au pouvoir à Gasteiz. Chacun s’attend à ce que ce soit le cas, notamment en raison des accords noués à Madrid autour de Pedro Sanchez.
Cependant ce scrutin est marqué par le succès de la stratégie de EH-Bildu qui, depuis l’abandon des armes par ETA il y a dix ans, a réussi à changer son image, ce qui l’amène progressivement aux portes du pouvoir en Euskadi. Ses militants, jeunes et nombreux, rompus à l’action au sein de la société civile pour accompagner les aspirations de la jeunesse et des classes populaires basques, ont porté la montée en puissance de cette force politique. Bien qu’encore meurtrie par la répression avec 142 prisonniers politiques toujours incarcérés, EH-Bildu est devenu une véritable force de gouvernement désormais.
La forte participation – un million d’électeurs, 100.000 de plus qu’il y a quatre ans, ont été aux urnes –, leur a largement bénéficié (+ 90.000 voix). •