EH Bai

Premier programme politique et projet d’autonomie pour le Pays Basque

Euskal Herria Bai (EH Bai) est une coalition de partis abertzale de gauche du Pays Basque Nord – comprenant Abertzaleen Batasuna, Batasuna et Eusko Alkartasuna – dont la création remonte à 2007 dans le cadre des élections législatives de cette même année. En novembre 2022, le mouvement se transforme en parti politique lors de son premier congrès et se structure autour d’une ligne politique commune. EH Bai fait élire son premier député, Peio Dufau, aux élections législatives de 2024.

 

 

« Il faut construire un consensus en faveur d’un changement institutionnel ». Ce 14 décembre à Bayonne, le parti abertzale a présenté son premier programme politique ainsi que son projet d’autonomie devant la presse et une centaine d’invités du monde politique dont les députés Peio Dufau, Inaki Echaniz ainsi que Pello Etxandiano. Régions et peuples solidaires, Europe écologie les Verts étaient également représentés. Les deux documents fixant le projet politique du parti pour le Pays Basque pour les prochaines années ont été présentés par la porte-parole du parti Mathilde Hary ainsi que par son nouveau coordinateur général Txomin Casteigts.

 

« Au Pays Basque c’est possible ! » Le programme politique d’EH Bai se présente comme une réponse aux multiples crises – sociale, économique, écologique et démocratique – touchant le Pays Basque et exacerbées par l’instabilité institutionnelle et politique française. « Ce sont des propositions qui ont été défendues tout au long de l’histoire du mouvement abertzale y compris la proposition du statut d’autonomie, mais ce qui est nouveau c’est l’adaptation au contexte actuel ». Selon Txomin Casteigts, nouveau coordinateur d’EH Bai, le programme politique vise à présenter des solutions pragmatiques adaptés aux réalités du Pays-Basque dans le cadre d’un processus institutionnel aboutissant à la création d’une collectivité territoriale. Le programme comprend une déclinaison thématique autour de douze « domaines stratégiques » dont le modèle économique, l’agriculture, la pêche ou encore le social, la santé et le féminisme, la culture, l’éducation et la langue basque. La langue basque y tient une place centrale et y est définie comme l’élément clef de la basquisation et de l’intégration des nouveaux arrivants au pays.

 

« Fondements politiques d’un statut d’autonomie pour le Pays Basque Nord », c’est le nom du projet d’autonomie pour le territoire, revendication historique du mouvement abertzale. En 1947, le député Jean Etcherry-Aintchart déposait déjà une proposition de loi pour « un statut d’autonomie du Pays Basque dans la République française ». Depuis 2012, le mouvement Abertzale milite pour la création d’une « Collectivité territoriale autonome aux compétences étendues » et plaide pour un nouveau « modus vivendi » entre l’État central français et les nations sans État. Les responsables d’EH Bai dénoncent le manque d’outils institutionnels pour relever les multiples défis auxquels sont confrontés le territoire comme la spéculation immobilière, la souveraineté alimentaire ou encore la transition écologique.

« La réponse de l’État français a été de nous donner une agglomération, certes c’est une avancée mais c’est insuffisant au regard des défis que connait le territoire ». Selon Txomin Casteigts, si la création de la Communauté d’agglomération Pays-Basque (CAPB) en 2017 marque une première étape vers la reconnaissance institutionnelle, EH Bai entend bien poursuivre le chemin démocratique vers les institutions. Le mouvement abertzale renoue donc avec ses revendications historiques en dépassant ses clivages et le parti de gauche revendique un statut semblable à celui des îles Åland, rappelant que la majorité des pays européens ont une organisation plus décentralisée. « Pour les abertzale, l’autonomie n’est qu’une étape vers la pleine souveraineté de notre nation ». Le parti plaide donc pour un statut d’autonomie inspiré par la Corse et la Kanaky où seules les compétences régaliennes resteraient aux mains de l’État et où la Collectivité territoriale pourrait bénéficier d’une autonomie législative et fiscale.

Hemen posible da ! •

Pauline Boutet-Santelli.