par François Joseph Negroni
Une campagne éclair. Un message politique inaudible. Une politique du buzz, de la surenchère. Ces élections législatives version 2024 n’auront pas marqué de rupture avec ce que nous connaissons depuis plusieurs années maintenant au niveau français. Chez nous, le Rassemblement national n’a pas ouvert son parachute, et sa chute doit être aussi raide que sa montée en altitude. Quatre députés corses élus, dont deux nationalistes. Un François Filoni défait largement, comme ses deux ovnis. Ils pourront rentrer chez eux. Dans la seconde circonscription de Haute-Corse, la défaite de Jean-Félix Acquaviva vient ternir ces résultats tant son travail et sa dévotion à l’Assemblée nationale étaient salués et reconnus par tous. Son travail continuera, à n’en point douter.
En France, le découpage parlementaire a de quoi surprendre tant les instituts de sondages et les médias privés ont fait presque accepter l’inéluctable victoire du RN. Seulement, la gauche sort en tête, le parti de Macron en deuxième position, et le parti de Marine Le Pen seulement troisième. Ce découpage quasi ingouvernable ne doit rien enlever à la colère des gens, qui doit être entendue et comprise. Sinon, ce barrage pourrait bien être le dernier.
Un sujet était en suspens. Le processus de Beauvau semblait mort. Certains semblaient presque s’en réjouir à demi-mots. Pourtant, il est bien vivant. Les forces de gauche et du centre sont prêtes à rediscuter de l’autonomie et il faut que les députés corses reprennent avec force le fil de ce processus pour l’emmener une fois pour toutes à son terme. Alors, nous aurons la capacité de discuter avec hauteur de vue du drama français en nous forgeant, avec le temps, notre espace intellectuel propre, que Paoli avait initié.
Il y a donc un gros travail à fournir. En Corse, il faut repenser l’appareil politique et continuer de faire du mouvement national, dans sa diversité, une force de gouvernance pour la Corse. En France, le travail à mener reste considérable mais le jeu est encore ouvert. Les dés sont jetés. •