Scola Corsa

Convention triennale votée !

La Convention triennale de soutien à Scola Corsa a été votée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse lors de sa session des 29 et 30 juin 2023 sur proposition de Gilles Simeoni. Ce vote donne à l’association une visibilité pour encadrer la croissance de la filière d’immersion totale pour l’enseignement de la langue corse dans les prochaines années.

 

 

Le modèle économique de Scola Corsa s’inspire de celui qui a cours ailleurs où le réseau Eskolim est implanté comme au Pays basque par exemple qu’une délégation a visité en mai dernier. Mais Scola Corsa doit dans un premier temps traverser une période probatoire que les textes du code de l’Éducation fixent à cinq années avant que ses enseignants puissent devenir des salariés directs de l’Éducation nationale au titre de la contractualisation mise en place il y a trente ans, quand François Bayrou était ministre.

Une fois cette contractualisation acquise, les besoins de financement sont assurés à 75 % par l’État qui prend en charge les salaires des enseignants. L’Assemblée de Corse par une motion votée à l’unanimité a demandé à l’État de faire jouer les possibilités de dérogation prévues par le texte lui-même, mais celui-ci fait la sourde oreille. Pour ne pas hypothéquer la montée en puissance de l’enseignement par immersion, il fallait donc que la Collectivité assure le réseau en création d’un soutien correspondant à son rythme de progression qui consiste, schématiquement, à ouvrir un nouveau site chaque année, tout en ouvrant sur chaque site existant une nouvelle classe de niveau au fur et à mesure de l’avancée en scolarité des enfants.

 

Le rapport le souligne : « Alors que va s’achever son second exercice, l’association Scola Corsa poursuit son développement et la structuration nécessaire à sa pérennisation.

La création initiale de deux classes immersives à Bastia et Biguglia (petite et moyenne section) a naturellement débouché sur la montée des cohortes en section supérieure (moyenne et grande section). Les deux sites accueilleront dès la rentrée prochaine leurs premiers élèves de CP.

L’école de Sàrrula triplera ses effectifs après une première année de fonctionnement.

Enfin, un nouveau site, porté par une association de parents très motivés, va voir le jour à Corti dès septembre 2023.

Les trois sites en place attestent d’un très bon bilan pédagogique, fruit du travail remarquable des enseignantes, aides maternelles et intervenants. L’effectif global est passé de 25 à 62 élèves et avoisinera, au vu des premières inscriptions actuellement enregistrées, les 140 enfants scolarisés en septembre sur les quatre sites. »

Le rapport adopté par l’Assemblée fait aussi état de l’offre de formation mise en place par Scola Corsa : « Un autre volet fondamental de ce projet est la formation. Ainsi, la convention passée avec l’AFPA de Corse a porté ses fruits, puisque sept stagiaires (enseignants et aides maternelles) ont suivi le cursus mis en place cette année. (…) ce dispositif permet de créer un vivier de futurs enseignants et aides maternelles dont le nombre va aller croissant.

La formation continue, à l’interne, est également un aspect essentiel. Il s’agit d’élaborer collectivement, dans la concertation permanente avec les formateurs du réseau Eskolim, une pédagogie novatrice et dynamique, inédite en Corse. En effet, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en CP, dans un contexte immersif, ne s’est jamais fait auparavant. »

Enfin le rapport prend acte de « l’adhésion sociétale » autour de Scola Corsa : « le nombre croissant des inscriptions en témoigne, mais également le public nombreux venu assister aux manifestations organisées (concerts de solidarité, conférences-débats, fêtes scolaires…). »

La contribution acceptée par l’Assemblée de Corse porte sur environ 700.000 euros pour l’année scolaire 2023-2024, 1,4 million d’euros en 2024-2025, et 1,8 million d’euros en 2025-2026. Elle couvre environ 70 % des besoins, le reste provenant d’autres ressources publiques (communes) et de l’action militante déployée pour recueillir des financements et des mécènes.

En 2026, la contractualisation avec l’État sera de droit et elle modifiera fortement l’équation budgétaire. Mais les effectifs auront crû au-delà de 500 élèves, et on devra aussi se préoccuper de la mise en place du niveau collège et de l’entrée en sixième des enfants qui, les premiers, se sont inscrits dans cette démarche en 2021.

Le soutien apporté par la Collectivité est donc, et restera, essentiel pour la dynamique de la démarche et rattraper ainsi le temps perdu quand d’autres développaient déjà ce modèle ailleurs en France. •

François Alfonsi.