I messaghji d'Edmond Simeoni

Émancipation

Edmond Simeoni, militant de la démocratie
Edmond Simeoni, militant de la démocratie
« J’attends avec impatience les prochaines affirmations de l’État, notamment au travers de ses ministres habilités, insistant sur le fait que “la défense de la langue Corse” est une priorité. Ils l’ont tuée et l’empêchent de ressusciter. Le temps des hypocrisies est terminée » disait Edmond Simeoni en octobre 2018. Sa détermination était intacte à quelques semaines de sa disparition, et elle n’avait d’égale que sa foi en la démocratie. Il avait acquis une certitude, c’est que la quête de liberté du peuple corse passait par sa responsabilisation. Responsabilisation qu’il voulait voir maîtriser au moyen d’une autonomie de plein exercice et de plein droit. Ce qui passe d’abord par une autonomie à construire dans nos propres consciences. Pour cela, la non-violence était une force à ses yeux : « Le choix de la non-violence n’est pas un choix de défaitisme, de peur, de renoncement ; il est au contraire un choix adapté de lutte, civique, déterminée. Elle seule peut faire gagner la cause du peuple corse, élargir le consensus insulaire, dans l’île et dans la diaspora, et bénéficier de la sympathie internationale. Outre qu’elle nous libérera, elle nous permet de construire un Pays dévasté par le colonialisme, dans et par la démocratie, le travail, la responsabilisation, la solidarité. » affirmait-il encore le 23 février de cette même année 2018. Il aurait assurément aimé et appuyé de toutes ses forces l’initiative prise par Scola Corsa de créer une filière d’enseignement immersif associatif. Quel plus bel exemple de responsabilisation et de construction collective au service du renouveau de notre langue ?! Extraits.

 

« Le refus par l’État de tout véritable dialogue, sa création permanente de « lignes rouges », en fait des préalables qui rejettent nos revendications essentielles concernant la langue, l’identité, le futur Statut… vont nous obliger non pas à radicaliser nos thèmes, non pas à choisir les voies de la violence, dans une fuite en avant suicidaire ; tout au contraire, il nous faut utiliser les élections, les luttes pacifiques de terrain dans tous les domaines, dans tous les combats contre l’injustice, le non-droit, pour la démocratie et les valeurs de l’humanisme. Il existe d’après Gene Sharp 198 moyens de faire céder l’État pacifiquement, sans oublier l’impérieuse nécessité d’une communication maîtrisée, argumentée et largement diffusée tant en Corse qu’en Europe et au-delà. La panoplie pour contester la politique de l’État est plus que fournie. Il suffira d’y puiser, quand on aura établi la feuille de route. On peut mesurer ce que serait, par exemple, la réalisation à terme d’une grève générale de toute la Corse où l’État serait lui-même très impacté.

Il ne faut pas se buter contre la politique dilatoire de l’État, objectivée par quatre Statuts volontairement frileux et insuffisants ; sur ses refus qui sont chroniques et qui, même quand il prend des engagements, ne les tient pas trop souvent (voir l’échec total du pouvoir normatif « un pouvoir législatif encadré », octroyé il y a quelques années).

Dans le temps, concomitant de la lutte, on construit la Corse émancipée, dans la démocratie, par l’économie, le développement plus juste, la culture, les relations internationales… On voit bien que l’État n’a pas les moyens de nous interdire quoique ce soit tant que nous restons dans le cadre de la légalité et nul ne peut nier que nous progressons dans tous les domaines. Un jour, pas très lointain à mon avis, le droit et les progrès de la société corse contraindront l’État à rejoindre la réalité du terrain par la mise à jour, indispensable des Institutions de l’Île : une Autonomie de plein exercice. » •