Reconduire les trois circonscriptions gagnées en 2017 serait une victoire pour les nationalistes corses mais l’objectif est de faire tòmbula en remportant les quatre circonscriptions. Pour cela, tout le nationalisme doit se rassembler. Malgré les divisions, c’est possible.
Trois circonscriptions (Aiacciu, Bastia et Corti) seront âprement disputées au premier tour. Les députés sortants ont de fortes chances de conserver leur siège malgré les candidatures concurrentes, forts d’un vrai bilan comme il n’y en avait jamais eu jusqu’ici pour des représentants de la Corse au Palais Bourbon. La quatrième circonscription (Portivechju) devrait être tranquille car il n’y aura pas de concurrence nationaliste et même Camille de Rocca Serra vient de renoncer. Election donc assez facile pour Paul André Colombani, à condition que l’électorat reste mobilisé. Plus compliqué pour Jean Félix Acquaviva malgré un excellent bilan, avec la concurrence assez incompréhensible de Lionel Mortini, candidat Corsica Lìbera. Michel Castellani est très populaire, avec notamment la loi du 5 mai et une mandature bien menée, mais la candidature à Bastia aussi de l’indépendantiste Petr’Antò Tomasi, oblige à une campagne disputée. Pour Romain Colonna et Fà pòpulu Inseme, la concurrence Corsica Lìbera de Jean Paul Carrolagi rend les choses difficiles, d’autant qu’il rencontrera un Laurent Marcangeli adoubé par Emmanuel Macron. Il y a le risque donc d’une neutralisation nationaliste. Mais si l’électorat nationaliste se rassemble au second tour, il pourrait y avoir une surprise.
Voici les principaux atouts des trois candidatures soutenues par Fà Pòpulu Inseme et le président du Conseil exécutif Gilles Simeoni.
Michel Castellani | Suppléante : Juliette Ponzevera
Le 5 mai bien sûr, mais pas seulement
C’est le député « tous azimuts », il figure parmi les plus assidus et les plus intervenants, en commissions, dans l’hémicycle, dans sa circonscription. Michel Castellani a déjà marqué l’histoire avec la loi sur le 5 mai. Une reconnaissance était attendue depuis près de 30 ans, elle a été accueillie avec soulagement par le Collectif des victimes du 5 mai 1992, mais surtout elle a démontré qu’il était possible d’infléchir et l’Assemblée nationale, et le Sénat, sur un sujet qui plus est où l’incompréhension entre la Corse et Paris a pesé durant trois décennies.
C’est le grand atout de Michel Castellani, par sa faculté à nouer des relations dans les coulisses de l’assemblée, il a démontré qu’un nationaliste corse pouvait convaincre. Et ce travail de couloir justement est l’un des plus importants et des plus difficiles à réaliser pour un député. En ouvrant ainsi des brèches, Michel Castellani et son groupe Liberté et Territoires forment des promesses d’avenir pour l’indispensable dialogue à mettre en œuvre avec le gouvernement. Il aura été infatigable à animer ce lobbying incessant auprès de toutes les oreilles qu’il pouvait trouver et sur tous les sujets à traiter.
Bien sûr, les fondamentaux du nationalisme, la langue, la culture, l’autonomie, les prisonniers, mais aussi le renouvellement du PEI (Plan Exceptionnel d’Investissement), devenu PTIC (plan de transformation et d’investissement pour la Corse) avec une participation réduite de moitié pour nos collectivités, le prolongement de dispositifs fiscaux, à commencer par le crédit d’impôt corse, la défense des entreprises, des agriculteurs, des artisans, des lycées, des buralistes, des transporteurs, de l’hôpital, notamment à Bastia, l’accompagnement des maires dans les ministères pour défendre leurs projets au plus haut niveau. Il a paré les mauvais coups, comme la proposition de taxation de nos vins à 20 % qui aurait constitué un désastre économique. Il a empêché que 9 millions du PEI soit transférés vers Paris. •
Permanenza : 22 bd Paoli, Bastia.
Meeting Boulodrome à Bastia Lupinu, jeudi 9 juin 18h30
En chiffres :
1385 interventions longues
27 questions orales
1246 amendements proposés, dont 26 inscrits dans la loi.
9736 amendements signés, dont 324 inscrits dans la loi.
52 propositions de loi cosignées.
Trois rapports écrits.
Un rapport adopté.
4 propositions de loi.
La loi Furiani adoptée.
55 questions écrites.
Jean-Félix Acquaviva | Suppléante : Marie Jeanne Andreani
La voix de la Corse à Paris
À Jean Félix Acquaviva il faut d’abord reconnaître un rôle leader. Sans lui, il n’y aurait probablement pas eu (même si d’autres y ont œuvré) un groupe Libertés et Territoires à l’Assemblée nationale, aujourd’hui de 17 membres. Groupe qui a donné une visibilité à ses députés, mais surtout à la question corse de par l’activité de nos élus. Jean Félix Acquaviva a été le principal porte-parole du nationalisme corse mais aussi du groupe et aura été particulièrement actif sur les questions institutionnelles. Difficile de résumer son action tant elle est dense. Les fondamentaux, notamment la question des prisonniers ou de la réforme constitutionnelle, mais aussi et surtout les questions fiscales et de lutte contre la spéculation (ci-dessous détaillées), le combat pour un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, la question de l’énergie, des transports, de la maîtrise de l’eau, du droit au logement, de l’agriculture au sein de la PAC, la défense de l’enseignement immersif pour les langues régionales, la dénonciation des atteintes aux libertés publiques (par exemple l’interdiction de filmer les manifestations publiques, l’interdiction de manifester sur ordre des préfets, le port du bracelet électronique pour des personnes ayant déjà effectuées leurs peines) etc.
Lutte contre la spéculation. Réinsertion dans le débat public de la question de la redevance sur les mouillages de plaisance dans les eaux corses. Proposition de création d’une écotaxe camping-car. Auteur et rapporteur de la proposition de loi visant à lutter contre la spéculation immobilière (adoptée en première lecture le 4 février 2021). Droit de préemption renforcée de la Collectivité de Corse dans les zones littorales. Taxe sur les résidences secondaires de haute valeur dans les zones littorales. Obtention de l’exclusion des meublés de tourisme non professionnels du bénéfice du crédit d’impôt qui alimentait jusqu’ici la spéculation immobilière. Défense des principes de la loi Littoral et de la primauté du Padduc face à la volonté de la majorité LREM et Modem de faciliter les constructions dans les « dents creuses » sur le littoral. Taxe sur les transactions immobilières (hors achat de résidence principale). Augmentation de la taxe d’aménagement sur les nouvelles constructions au profit de la Collectivité de Corse. Extension à toutes les communes de Corse de la possibilité de majorer la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, mieux contrôler la location d’appartements en saison pour freiner la « aibnbisation » de nos villes et villages, notamment sur le littoral.
Montagne. Réinsertion progressive du massif corse dans les discussions au niveau français et européen à travers la reconnaissance du fait insulaire. Obtention d’une enveloppe spécifique pour la Corse dans le cadre du « Plan avenir montagne ». Combat pour des normes générales adaptées sur les effectifs dans les écoles et collèges en milieu rural et de montagne. Rédaction et défense d’amendements dans les lois de finances annuelles en faveur de la création d’une zone fiscale prioritaire de montagne pour la Corse. Combat gagné avec l’ANEM (association nationale des élus de montagne) pour le report en 2026 du transfert obligatoire de la compétence de la gestion de l’eau potable des communes vers les intercommunalités et permettre une maîtrise du prix de l’eau.
Santé. Accompagnement législatif du combat remporté de l’association Inseme en faveur du deuxième accompagnant. Relai des revendications du personnel soignant atteint du Covid pour la reconnaissance en tant que maladie professionnelle. Débat autour de la création d’un CHU en Corse (Centre hospitalier universitaire). Demande de révision des coefficients géographiques relatifs au financement des hôpitaux corses. Combat en faveur de la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé. Combat pour la reconnaissance de la Corse comme expérimentation « Territoire zéro chômage ». Combat contre la baisse des APL en 2018. Demande réitérée chaque année de la baisse de la TVA à 5,5 % pour la construction de logements sociaux. n
Permanenza : 24 cours Paoli, Corti.
En chiffres :
598 interventions longues
16 questions orales
1202 amendements proposés, dont 58 inscrits dans la loi.
9092 amendements cosignés, dont 325 inscrits dans la loi.
72 propositions de loi cosignées.
Deux rapports écrits.
3 propositions de loi écrites.
89 questions écrites.
Romain Colonna | Suppléante : Cécilia Costa
L’enjeu au sud
S’il fallait une démonstration de l’importance du vote « Romain Colonna » dans cette circonscription, c’est le vide sidéral qu’a représenté la mandature de Jean Jacques Ferrara eu égard à l’intense activité des nationalistes corses sur les trois autres circonscriptions. Lors de la campagne des législatives en 2017, droite comme gauche en Corse ne se sont pas privés de railler les nationalistes corses prétextant qu’ils seraient invisibles à l’Assemblée nationale et dans l’incapacité d’agir… c’est tout le contraire qui s’est produit ! Les nationalistes ont fait entendre la voix de la Corse, ont su constituer un groupe autonome qui a son influence, ont rassemblé au-delà d’ailleurs de l’hémicycle, dans des instances comme l’Assemblée des régions de France par exemple. Romain Colonna est seul à même de faire entendre la voix des électeurs de cette première circonscription de Corse du Sud. Il est la candidature de résistance à la politique désastreuse qu’a eu Emmanuel Macron et la résonnance de son élection serait capitale pour faire avancer les revendications de la Corse à Paris.
Parmi ses priorités, arracher enfin un cadre institutionnel nouveau, plus démocratique, plus efficace en terme de politique du quotidien sur les questions économiques, sociales, de fiscalité adaptée, notamment dans le rural, d’aménagement du territoire, de protection de l’environnement, de développement de l’agriculture, de l’artisanat, de défense de la langue et de la culture corses, bref une autonomie de plein exercice et de plein droit permettant à la Corse de s’insérer dans le concert des nations d’Europe. •
Permanenza : 22 cours Napoléon, Aiacciu.