U mo pare

Qu’en penserait Pasquale Paoli ?

par François Joseph Negroni

 

 

Le processus vers l’Autonomie doit nous donner les outils d’un projet de société réussi et d’une construction nationale, en se traduisant par une évolution institutionnelle, mais aussi et surtout, par une émancipation philosophique et politique. Cela doit donc se traduire par une évolution institutionnelle, mais aussi et surtout, par une émancipation philosophique et politique. Au delà de l’importance d’acquérir des compétences législatives, de l’importance politique, sociale, historique et démocratique, l’Autonomie de la Corse doit servir à répondre aux problématiques des Corses, que Paris n’a jamais été en mesure de résoudre. Elle doit donc nous permettre de nous approprier les enjeux mondiaux et construire nos propres débats, sur l’immigration ou sur l’agriculture pour ne citer que ces exemples d’actualité. Sur ce dernier point, des discussions politiques doivent avoir lieu pour évoquer les spécificités qui sont propres à notre histoire, à notre culture, sur l’évolution du monde agricole, sur l’accès au foncier, sur l’autonomie alimentaire.

La conjoncture politique actuelle au niveau français, européen et mondial renforce l’idée que notre pensée, notre vision, doivent être en cohérence avec notre philosophie, nos valeurs, et ne doivent pas se laisser influencer par le populisme régnant actuellement un peu partout dans le monde. S’approprier le débat, le construire, par nous et pour nous. Il y a quelques jours, France Culture a publié une vidéo illustrant les avancées majeures du monde moderne portées par la Corse de Pasquale Paoli. Une Corse capable d’innover, d’avancer, et d’influencer l’Europe et même au delà, rappelant la création de la première Constitution moderne, le droit de vote des femmes, et inscrivant pour la première fois le droit des peuples à disposer d’eux mêmes ainsi que le droit au bonheur. Rappelons que cette Constitution a inspiré la Constitution américaine. Presque trois siècles après, le climat politique mondial ne présage rien de bon, en renvoyant parfois à des heures sombres que l’humanité ne pourrait revivre. Marx écrivait « Les grands événements se produisent deux fois : la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide ». À nous d’éviter la farce. Pour cela, nous devons nous efforcer de ne pas nous laisser emporter dans les abîmes du débat politique actuel, où règne le populisme, et basé sur la recherche constante du buzz, de la petite phrase, du fait divers, et de la polarisation vers les extrêmes. Oui nous pouvons exister, réfléchir et construire la Corse de demain, sans tomber dans l’extrémisme, quel qu’il soit. En pouvant se questionner et débattre librement sur l’impact économique, social, politique, d’une augmentation de population de 100 000 habitants en 20 ans, uniquement par solde migratoire, tout en affirmant que la Corse peut et doit continuer à fabriquer des Corses. Nous sommes issus d’une pensée qui a révolutionnée l’Europe, de par son progressisme et sa modernité. À nous d’en être des dignes héritiers. •