U mo parè

Un passu di più

par François Joseph Negroni

 

Une haie de plus franchie cette semaine par la délégation Corse dans cette course d’obstacle appelée processus de Beauvau. La semaine dernière, Gérald Darmanin avait la prétention de prendre le taureau par les cornes. Cela tombe bien, c’est lors de l’inauguration du village Corse au salon de l’agriculture que Gilles Simeoni a recentré le débat et les enjeux. Ce processus s’inscrit dans la volonté de répondre à une demande historique, démocratique, qui doit être à la hauteur de l’enjeu et du moment. « Nous sommes un peuple, avec sa langue, avec son attachement indéfectible à sa terre. Nous irons, avec la force et la puissance de cette Histoire. » Ces mots ont été prononcés au lendemain de la signature par la quasi-totalité des élus de la délégation corse d’une déclaration politique solennelle, qui pose les jalons des éléments essentiels à intégrer dans le texte constitutionnel, et que l’on pourrait résumer en quatre axes majeurs. Premièrement, la reconnaissance d’une communauté insulaire, historique, linguistique et culturelle ayant développé au fil des siècles un lien fort et singulier avec sa terre : l’île de Corse, autrement dit la reconnaissance du peuple Corse, Pòpulu. Deuxièmement, la constitutionnalisation du lien à la terre et de l’accès équitable à la propriété foncière, ce qui permettrait à terme de créer un statut de résident, qui est une demande historique de lutte contre la spéculation foncière et immobilière, Terra. Troisièmement, la création d’un statut de la langue corse et la mise en œuvre du bilinguisme, qui passera certainement par un Riacquistu nouvelle génération, Lingua. Enfin quatrièmement, le principe d’une autonomie fiscale, permettant la mise en œuvre réelle et concrète de l’autonomie, avec la possibilité de faire des lois, et la capacité financière de les mettre en œuvre, Autunumìa. Le compte y est, Terra, Lingua, Pòpulu, Autunumìa ! Il faut transformer l’essai. Les enjeux sont trop grands pour reculer face à l’Histoire, face à ceux qui se sont battus, face à ceux qui n’y sont plus. Il faut pouvoir regarder cela avec l’humilité et le silence qu’imposent cette lourde tâche. Il faut y aller, avec la force et la puissance de cette Histoire. •