Forte croissance de la population corse

Attention aux seuils d’alerte !

Selon le dernier recensement de l’Insee paru le 29 décembre dernier, la Corse est la région qui connaît le plus fort taux d’accroissement de la population, mais ce n’est pas grâce à la natalité. Cette étude confirme une tendance apparue il y a quelques années : l’augmentation de la population en Corse est exclusivement due à l’arrivée de nouveaux résidents. Si l’augmentation de la population est essentiellement due à l’immigration issue de la France métropolitaine, la Corse est également l’un des territoires avec le plus d’immigration d’origine étrangère.

 

 

Au 1er janvier 2019, la Corse comptait 340.440 habitants soit 20.232 personnes de plus qu’en 2013. Cela représente une augmentation de plus de 6 % entre 2013 et 2019, un peu plus d’1 % par an. C’est trois fois supérieur à celui recensé en France métropolitaine chaque année et bien supérieur au chiffre de la deuxième région, l’Occitanie, avec un accroissement de 0,7 %. Cependant, le solde naturel entre 2013 et 2019 apparaît négatif (-1,1 %) contre un accroissement positif en France en moyenne (+1,8 %). Au 1er janvier 2021, la Corse était le territoire comptant le plus de séniors (24 %) et la plus faible proportion de moins de 25 ans (25 %). Et selon une projection de l’Insee, la situation ne s’arrange pas alors que la population vieillit de plus en plus et atteindra probablement 35 % de séniors en 2050. Ce phénomène est accentué par la faible natalité alors que la Corse est le territoire où le taux de natalité est le plus bas, soit 8,3 naissances pour 1000 habitants. La Corse est la région qui affiche le solde migratoire le plus élevé en France métropolitaine, qui s’avère donc décisif dans l’augmentation de la population sur l’île. Selon une étude de l’Insee en 2020, les nouveaux arrivants seraient principalement des actifs entre 25 et 40 ans originaires de la région Paca ou d’Ile-de-France.

 

Un territoire avec une forte proportion de nouveaux arrivants étrangers

Selon une étude de l’Insee parue en juillet 2021, 33.600 immigrés vivent en Corse ce qui représente 9,9 % de la population. Un taux stable depuis plusieurs années. La Corse se place comme le troisième territoire en termes de proportion d’immigrés après l’Ile-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’immigration est majoritairement d’origine européenne (54,4 % en 2018) puis d’origine africaine (41,5 %). Cependant, le premier pays d’origine de ces mouvements est le Maroc (29,1 %) suivi par le Portugal (24 %) qui représentent donc la moitié des arrivées en Corse. Cette immigration est majoritairement masculine et en âge de travailler avec une surreprésentation des 15-64 ans. Les immigrés occupent alors un peu plus de 10 % des emplois en Corse, et sont majoritairement ouvriers ou employés. Les hommes sont majoritairement ouvriers dans les secteurs de la construction ou de l’agriculture et les femmes sont majoritairement employées dans les services directs aux particuliers, dans les services hospitaliers ou encore dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.

 

Une répartition inégale et centrée autour de pôles urbains

La population en Corse est principalement répartie dans douze communes, et dans des pôles urbains. Les deux pôles urbains de Bastia et d’Ajaccio concentrent la moitié de la population alors que plus de 97 % des communes sont rurales. L’Insee rapporte que ce sont ces pôles urbains qui reçoivent en majeure partie ces nouveaux habitants mais que c’est dans les communes rurales que la population croît le plus fortement. Deux explications : les communes rurales proches des pôles urbains attirent les nouveaux arrivants et elles profitent également de mouvements de périurbanisation des locaux. Certaines communes ont connu une importante croissance démographique comme c’est le cas pour la commune de Lucciana près de Bastia qui connaît une croissance annuelle de près de 4 % par exemple.

Tous ces indicateurs sont autant de seuils d’alerte pour éclairer nos décisions politiques d’aménagement du territoire. •

Pauline Boutet-Santelli.