Après la dissolution inédite le 21 juin du mouvement Les Soulèvements de la Terre, les manifestations pacifiques réprimées brutalement, les blessés parfois très graves avec des séquelles irrémédiables (notamment lors des manifestations contre la réforme des retraites, ou du projet de méga-bassines), après les vagues d’arrestation de militants écologistes, les perquisitions, les gardes-à-vue prolongées, après aussi le refus de l’agrément à l’association Anticor lui permettant d’ester en justice dans des dossiers de lutte contre la corruption, la Ligue des Droits de l’Homme rejointe par 24 associations, inquiètes de ces méthodes, appelaient à des rassemblements devant les préfectures partout en France. En Corse aussi, nombre de militants, sympathisants et tout simplement citoyens qui refusent ces dérives répressives, se sont rassemblées à Bastia, Aiacciu, Sartene, Calvi, Corti.
La LDH a également dénoncé le redéploiement dans l’île de dispositifs d’exception en matière de justice antiterroriste et de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille pour lutter contre la criminalité organisée (gardes à vue de 4 jours, détentions provisoires pouvant durer jusqu’à 4 ans et plus, détention hors de l’île signifiant une double peine et la difficulté d’organiser une défense, statut DPS).
L”ONU dénonce les pratique de la France
Lors de ces rassemblements, il a été fait lecture du communiqué de l’Organisation des Nations Unies qui épingle la France le 15 juin dernier sur cette politique répressive. Les experts de l’ONU ont dénoncé « le manque de retenue dans l’usage de la force à l’encontre des membres de la société civile qui revendiquent de manière pacifique leur participation aux processus décisionnels concernant leur avenir, l’accès aux ressources naturelles, la protection des droits humains, la dignité et l’égalité ».
L’ONU appelle les autorités à « un examen complet de leurs stratégies et pratiques en matière de maintien de l’ordre », demandant à la France « de respecter ses obligations internationales » afin de protéger les manifestations pacifiques et de promouvoir la liberté d’association.
Les experts dénoncent l’usage du gaz lacrymogène, de grenades de désencerclement et de munitions que la France est « le seul pays européen à utiliser lors d’opérations de maintien de l’ordre ».
Ils déplorent les dizaines de « blessés dont des manifestants, des journalistes, des élus et des passants », dénoncent « la brigade motorisée Brav-M qui aurait menacé et frappé des manifestants », les tirs de LBD (lanceur de balles de défense) « depuis des quads en mouvement » et l’interdiction aux véhicules de secours d’intervenir pour secourir un blessé grave. Il s’agit, on s’en souvient, de Serge Graziani, très grièvement blessé par un tir de grenade qui se remet très lentement de ses blessures après un mois de coma.
L’ONU signale aussi que « des personnes auraient été arrêtées arbitrairement dans plusieurs villes », de même elle dénonce la « stigmatisation » et la criminalisation « des défenseurs des droits humains et de l’environnement ».
« Le droit de réunion pacifique est un droit fondamental qui forme le socle même des systèmes de gouvernance participative fondés sur la démocratie, les droits humains, l’état de droit et le pluralisme » a encore rappelé l’ONU qui avait déjà épinglé l’État français durant la dure répression contre les gilets jaunes en 2019. •