Lozzi, le 28 janvier 2018. Edmond Simeoni entamait la dernière année de sa vie, et il poursuivait son examen intérieur des difficultés de la Corse, des moyens d’en sortir. Nous étions à la veille de la manifestation du 3 février 2018, celle qui voulait lancer un appel solennel au Président de la République Emmanuel Macron qui s’apprêtait à venir dans l’île pour le vingtième anniversaire de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Après tant de sacrifices, après les erreurs, les drames, et les victoires enthousiastes, après l’immense travail mené, il en appelait à la mobilisation de tous les Corses pour adresser un nouveau message à l’État. « Le peuple corse dans toutes ses composantes, dans l’expression pacifique de sa diversité, doit montrer son véritable visage, sa détermination, sa prise de conscience. Il sera, j’en suis certain, au rendez-vous de l’espoir qui nous habite tous, de l’histoire qui s’écrit. Et du chemin de l’émancipation qui s’ouvre et s’approfondit, chaque jour inexorablement » écrivait-il alors depuis son village au cœur du Niolu.
Ce message résonne toujours et martèle à nos consciences que nous détenons la clé de notre destin. L’État ne fera pas de cadeau. Il ne fera que suivre la volonté et la détermination affichée du peuple corse.
«L’heure est à la mobilisation responsable, pacifique et déterminée, sans violence, pour négocier entre l’État et le peuple corse, de l’île et de la diaspora, un dialogue qui englobe tous les aspects de la problématique insulaire, économique, sociale et culturelle. Le développement économique (emploi, vie chère, logement, précarité, santé…) est et reste une priorité. Le remplacement des Arrêtés Miot, un nouveau Plan Exceptionnel d’Investissement (PEI) pour le rattrapage historique, s’imposent ; bien entendu les revendications politiques portées par la majorité territoriale et notamment le sésame que constitue la révision de la Constitution doivent être au centre du débat. Ceux qui pensent que la réussite de la Corse – son émancipation et sa construction – pourrait être l’apanage des seuls Corses nationalistes, commettraient une erreur grave. La tâche, immense, longue, nécessite l’implication de la majorité des Corses, de toutes opinions impliquées dans la défense de notre identité collective, de nos intérêts collectifs, avec une règle de base : la démocratie et l’éthique.
Oui, la Corse a progressé de manière majeure au niveau de la prise de conscience du peuple et de l’expression démocratique de sa volonté ; oui, nous sommes adossés à la démocratie et aux règles internationales de droit utilisées en matière de solution des conflits. La raison va prévaloir. Mais nous devons apporter une fois de plus la preuve de notre représentativité populaire – dans l’île et hors de l’île –, de notre cohésion, de notre sens des responsabilités, de notre volonté du dialogue avec l’État et de trouver une issue démocratique, – équilibrée, juste, mutuellement profitable – à un affrontement trop long et destructeur. Aujourd’hui, doit s’amorcer la création d’un climat de confiance indispensable à la création d’une relation nouvelle entre l’État, la Corse et naturellement, ceci permettra de progresser, de manière apaisée, dans la recherche mutuelle d’une solution politique raisonnable et équitable. »