Le mouvement #MeToo a libéré la parole de nombreuses femmes abusées sexuellement dans leur enfance ou leur adolescence… Il s’est répandu sur les réseaux sociaux, avec des témoignages épouvantables de vérités et de souffrances. Il a jeté un profond malaise, mais n’a pas encore provoqué toutes les réactions qu’il aurait dû entraîner au niveau politique. Hélas.
Dans ce contexte, les révélations de Camille Kouchner dans son livre « La Familia grande », paru le 7 janvier dernier, mettant en cause le politologue, ancien député, Olivier Duhamel pour des abus sexuels sur le frère jumeau de Camille Kouchner lorsqu’il avait 13 ans… a brutalement remis en mémoire l’hashtag MeToo, et donné naissance à un autre hashtag, avec une multitude de témoignages tout aussi terrifiants.
#MeTooInceste dénonce ainsi un autre tabou, inscrit dans ce prolongement, et qui terrorise tellement il semble répandu, sans impunité, avec d’insupportables blessures d’enfance.
Ces innombrables témoignages ne laissent aucun doute à la véracité des faits. La parole là aussi se libère, jusque chez des élus de la République, qui révèlent leur terrible secret. Il faut saluer le courage de toutes ces victimes et se révolter de l’impunité dont ont joui leur bourreau, marquant à vie ces enfants, et faisant d’autres victimes encore. Car, ce qui est terrifiant, c’est de constater que c’est 20, 30 ou 40 ans après, une fois devenus adultes, que ces victimes trouvent le courage de parler.
Ce qui est terrifiant, c’est de savoir que jusqu’ici ils et elles portaient ce poids seul(e)s, s’habillant de honte, alors que leurs agresseurs pavanent et jouissent même parfois de notoriété.
Ce qui est terrifiant, c’est le manque de soutien de leurs proches parfois dans la confidence.
Ce qui est terrifiant, c’est encore et toujours ce malaise au niveau politique, tant toutes les familles politiques sont touchées, concernées, salies, par ces scandales.
Ce qui est terrifiant, c’est qu’on attend toujours une reconnaissance véritable des victimes, passées, actuelles ou futures.
Ce qui est terrifiant, c’est que malgré ces révélations, le législateur estime encore qu’un enfant peut être « consentant » !
« On vous écoute, et on vous croit » a dit l’actrice Alexandra Lamy. Voilà les mots dont ont besoin ces personnes dont l’enfance a été brisée. « Protéger les enfants des violences sexuelles doit être une priorité politique […] nous devons changer les lois. » Bravo Madame. Oui, il nous faut protéger l’enfance. Aucune société ne peut se bâtir valablement sur ce non-dit, des abus faits à l’innocence. Les violences faites aux enfants, comme d’ailleurs les violences faites aux femmes, doivent être une priorité politique absolue. •