Malgré de nombreuses alertes des résidents du quartier de Bodiccione à Aiacciu, rien n’a été fait… Résultat : un immeuble de 40 appartements situé boulevard Louis Campi en bord de la Rocade, a été évacué en catastrophe le 11 décembre pour risque d’effondrement…
Les images sont impressionnantes et ont choqué. À commencer par les résidents de ce quartier. Nombre d’entre eux s’étaient inquiétés des conditions d’un chantier mené en contrebas de l’immeuble par le promoteur immobilier Majdi Amhan, notamment suite à la tempête du 18 août 2022 qui avait fragilisé un peu plus le sol et entraîné déjà un premier éboulement. Malgré un arrêté municipal d’interruption des travaux, ceux-ci auraient repris sans offrir toutes les garanties de sécurité. Les récentes pluies ont raviné davantage le sol, provoquant l’éboulement constaté sur les fondations de l’immeuble. L’enquête éclairera sur les responsabilités.
Femu a Corsica s’est rendu sur place pour exprimer son soutien et sa solidarité à l’égard des riverains évacués. « Une fois de plus, les événements liés à l’actualité nous démontrent les limites d’une urba-nisation anarchique et frénétique sur Aiacciu, contraire à notre vision de l’aménagement et de l’identité d’Aiacciu, et plus largement aux antipodes du modèle de société que nous voulons édifier pour la Corse de demain » ont déclaré les élus nationalistes. « C’est une logique générale que nous dénonçons : celle qui consiste à urbaniser sans respecter et sans prendre en compte le territoire et les gens qui y vivent, leur histoire, leurs usages, les exigences environnementales, la topographie et même la toponymie. Le phénomène d’urbanisation massive à l’œuvre depuis quelques années sur Aiacciu, et dans sa périphérie, conduit et conduira inexorablement à une perte des repères, du lien social, et de l’identité culturelle singulière, lesquels faisaient la qualité de vie dans la cité impériale ».
Appel à la prudence
Le dérèglement climatique et la multiplication de ses épisodes violents (inondations, glissements de terrains, etc.) commandent plus de prudence dans les politiques d’aménagement du territoire et les mise en œuvre de programmes urbains. Les coulées de boue meurtrières d’Ischia en Italie l’ont rappelé. « De plus, dit encore Femu a Corsica, la construction de quartiers sans cohérence d’ensemble et sans aménagement aucun va entraîner de nombreuses problématiques économiques, sociales, culturelles et sécuritaires. Dépourvues d’équipements, d’infrastructures et de services de proximité, qu’ils soient publics ou marchands, ces zones risquent d’importer à Aiacciu des problèmes et des dérives qui existaient ailleurs mais que nous ne connaissions pas en Corse.
Parce que la question de l’urbanisme est un élément fondamental dans la construction d’un modèle, tant au niveau environnemental qu’économique, social et culturel, nous attirons l’attention sur les phénomènes à l’œuvre dans un contexte de dynamique démographique sans précédent dans notre pays. »
Femu a Corsica rappelle son « attachement à la philosophie et à l’esprit du Padduc, notamment dans sa recherche d’équilibre entre l’impératif de développement économique et social, l’exigence d’une agriculture de production, et la nécessité de préserver notre environnement et notre identité. Il constitue, en outre, un véritable projet en faveur d’une société corse émancipée, apaisée, solidaire, inclusive, pouvant s’appuyer sur son identité constitutive en tant que peuple, sa langue et sa culture. C’est notamment en raison d’une méconnaissance du Padduc, et d’autres textes que le PLU (plan local d’urbanisme) d’Aiacciu a été partiellement annulé par le TA de Bastia en avril 2021, dans une procédure pour laquelle la Collectivité de Corse s’était constituée “intervenant volontaire”. »
Le Parquet d’Aiacciu a ouvert une enquête pour « mise en danger de la vie d’autrui ». •