Pauline, Florian, Clara Marìa… : Arritti a la chance de compter parmi ses contributeurs bénévoles réguliers plusieurs jeunes engagés en politique dans le mouvement nationaliste. Leurs réflexions sont l’expression des problématiques de cette nouvelle génération militante.
Leur environnement générationnel, ils en connaissent les fragilités. « Entre la jeunesse festive et la jeunesse politisée, il n’y a pas de séparation nette. Tous se mélangent. » Et ils s’inquiètent de certaines addictions qui se banalisent, aux drogues notamment, de plus en plus dures, le shit étant souvent remplacé par la cocaïne et d’autres drogues de synthèse.
Tout aussi préoccupante est l’addiction généralisée à internet. Cette mise en image à laquelle chacun s’astreint, sur Instagram et Tiktok, ça pousse beaucoup de jeunes à des choix problématiques. Chez les filles, par exemple, cela va jusqu’à recourir à la chirurgie esthétique alors qu’elles ont vingt ans à peine et que rien ne l’explique si ce n’est le souci de parfaire leur image avant de la diffuser aux quatre vents d’internet. Chez les garçons, la salle de sports est le nouveau point de ralliement où l’on cherche à se sculpter un corps plus enviable. Cette exposition permanente au regard d’autrui est vraiment une fragilité pour la jeunesse aujourd’hui. Sans compter l’effet de cloisonnement, lié aux algorithmes qui nous enferment dans un cercle relationnel. « C’est comme cela que Bardella est entré dans “l’air du temps” via TikTok. La jeunesse vit dans l’instantané, dans une attitude passive qui facilite la désinformation. »
À la jonction entre vie étudiante et vie professionnelle, tous les trois sont sous le choc de l’épisode politique qui vient d’advenir. « Tous ces votes pour le Rassemblement national, c’est inimaginable. Mon peuple vote pour ça ! Quelle déception ! Ça fait mal. On va vers la xénophobie. »
Plusieurs signaux l’annonçaient. « La propagation du discours ethno-nationaliste de Palatinu, largement relayé par la presse locale et par internet, a conduit à la banalisation d’une idéologie néfaste. Elle met la politique migratoire au centre des discussions par un discours qui se veut savant, mais qui est vide. En Corse le thème de l’insécurité des banlieues est complétement fantasmé, mais il est pourtant largement instrumentalisé. »
Quelle réponse apporter ? « Il faut instruire, écrire, aller sur le terrain en cessant de se reposer sur un acquis électoral qui est fragile. » Et il ne faut pas craindre les débats de société, sur le féminisme, sur la communauté LGBT : « les réactions sont encore très vives quand on en parle, mais ils font partie de l’avenir. » Idem pour l’écologie qu’ils situent dans le droit fil de leur engagement politique.
Est-ce que le phénomène de la mafia les affecte ?
C’est insidieux et indicible. « Que dire à un ou une autre jeune dont le père, le frère ou l’ami vient d’être abattu dans un règlement de comptes ? »
Ils en ressentent les effets délétères sur la société et sur l’économie : tant de Corses entreprenants partent à cause de l’environnement mafieux, de son emprise sur l’économie, ou renoncent à revenir en Corse y développer leur activité économique. « Il faut un plan global, s’inspirer du système italien. C’est la responsabilité de l’État de le faire. »
La jeunesse est-elle nationaliste ?
« Beaucoup de jeunes se découragent. Le sentiment est répandu d’un certain “patinage” de la Collectivité de Corse, et que les “nationalistes au pouvoir ” ça ne débouche pas sur l’amélioration de leur vie au quotidien. Il y a de la déception et de la frustration. »
Ces critiques affectent souvent Femu a Corsica qui est à la tête des institutions régionales. Mais les positionnements des uns et des autres apparaissent très politiciens : « La période 2015-2021 est loin d’avoir été une réussite, avec une union qui n’était que de forme et pas de fond. »
L’Union des nationalistes ? Elle seule serait dynamique chez les jeunes. « J’ai envie d’y croire ! » s’exclame l’un d’entre eux.
« Trop souvent les jeunes épousent les querelles des anciens. » Et cela donne quatre organisations différentes alors qu’en réalité les uns et les autres sont très proches dans leurs convictions. On a vu comment les jeunes se sont battus après l’assassinat d’Yvan Colonna, « quand les circonstances ont créé un besoin d’union et d’action. »
À nouveau, nous sommes avec cette vague du Rassemblement national face à des circonstances exceptionnelles. « L’Union doit être un objectif ». •