par François Joseph Negroni
Parfois, il y a des mots qui manquent. Lors de la séance de questions au gouvernement, le 24 janvier dernier, le député Michel Castellani interpellait le nouveau Premier ministre Gabriel Attal concernant l’avenir institutionnel et constitutionnel de la Corse.
Au vu du changement de gouvernement, et malgré le maintien en poste de Gérald Darmanin, la question devait être posée, et méritait une clarification. Gabriel Attal s’est d’abord inscrit dans le chemin tracé par Emmanuel Macron le 28 septembre dernier, en rappelant notamment l’inscription de la Corse dans la Constitution. Il a, dans la suite de son intervention, déclaré ceci : « Concrètement, il s’agit de pouvoir adapter les règles et même les lois. […] Nous pouvons, si les élus de la Corse le décident, bâtir une forme d’autonomie à la Corse, c’est-à-dire une autonomie pour l’île et dans la République. »
Si la formule « Autonomie dans la République » prête à sourire, une autonomie étant inévitablement dans la République, c’est un autre mot qui m’interpelle, ou plutôt son absence. Dans sa réponse, Gabriel Attal a évoqué l’adaptation des lois, mais a oublié le terme d’adoption. Faut-il lui rappeler la délibération votée à plus de 70 % le 5 juillet dernier à l’Assemblée de Corse ? Ce texte est la boussole que les Corses ont tracée démocratiquement, et est contraire au concept de régionalisme ou de décentralisation porté par une partie de la droite.
L’autonomie ne peut exister sans pouvoir législatif complet, avec bien entendu une notion de progressivité lucide dans le transfert des compétences. Mais la capacité de l’Assemblée de Corse de faire des lois est un impératif non négociable. Que cela soit pour l’accès au logement, la langue, le statut de résident, l’agriculture, ou encore l’aménagement du territoire, nous devons nous doter d’une Autonomie de plein droit et de plein exercice.
Alors, simple oubli ou message calculé ? Le processus, bien qu’imparfait, a le mérite d’exister, et l’issue historique reste encore à portée de main. Elle relève d’une volonté politique et du respect de la démocratie. Il est impératif que le gouvernement ne confonde pas décentralisation et autonomie. Il en va de l’avenir de notre pays. Les mots ont un sens, M. Gabriel Attal. •