Criminalità

Siscu : maffia nò !

Le 18 mars, on apprenait, par une brève déclaration de la mairie de Siscu sur les réseaux sociaux, les menaces visant son maire, Ange Pierre Vivoni à propos de l’intention de la commune de se porter acquéreur du manoir Sainte-Catherine. « Nous n’acceptons pas les pressions, nous n’y cèderons pas et comptons sur le soutien total de la population. Le domaine restera dans notre patrimoine » ont répondu les élus de Siscu, réaffirmant leur volonté de « protéger le patrimoine historique de la commune contre toute forme de spéculation. »

De nombreuses réactions politiques ont apporté leur soutien, voire manifesté leur colère. Notamment dans la famille nationaliste. Le Président du Conseil Exécutif s’exprimait sur Twitter catégorique en confirmant sans faille l’engagement de la Collectivité de Corse : « Soutien à AP Vivoni qui indique avoir été menacé par un correspondant anonyme demandant que la Commune de Siscu renonce à l’acquisition du Couvent Sta Catalina. Une opération engagée avec le soutien de la Collectivité de Corse et qui sera menée à son terme. »

Face à ces pressions, Femu a Corsica appelait à un rassemblement ce dimanche 21 mars. Malgré les restrictions sanitaires, ils étaient très nombreux, y compris de droite et gauche, pour entourer le maire et son conseil municipal.

Une mafiosisation de l’île se dessine depuis longtemps au point de donner naissance à deux collectifs de lutte anti-mafia. La question sera-t-elle enfin prise plus au sérieux ? Elle réclame assurément une riposte moins ponctuelle, plus générale ; c’est toute la société dans ces fondements qui doit en être consciente et veiller à ce que la gangrène ne s’étende pas.

Ange Pierre Vivoni a donné des détails sur la pression subie : Vous ne me connaissez pas mais moi je vous connais bien… Je vous demande de vous retirer de l’acquisition du couvent, a menacé l’individu, indiquant au maire qu’il ne savait pas à quel problème il s’exposait.

Saluons le courage et l’abnégation d’Ange Pierre Vivoni et son conseil qui n’ont pas hésité à répondre par une plainte au Procureur. Mais pour un maire qui ose divulguer publiquement les menaces dont il est l’objet, essentiellement d’ailleurs sur des questions foncières ou immobilières, combien subissent de telles pressions en silence ? Et sur ces plaintes, combien aboutissent ? L’État a son rôle à jouer. Et on espère qu’il sera efficace dans ce dossier car tant d’autres – menaces, voire assassinats – attendent toujours d’être résolus.

Quant à la prévention, la Corse s’est dotée d’un Padduc dont l’un des intérêts est de « protéger » justement les élus de terrain. L’appliquer, sans faille, à tous les niveaux, est une manière de faire reposer ces questions foncières et immobilières non pas sur les épaules d’un homme, mais sur celles de la société qui garantit l’intérêt collectif et pare ainsi aux dérives.

A contrario, nos faiblesses peuvent ouvrir des brèches où s’engouffrent les pressions mafieuses. « La défense de notre patrimoine foncier et immobilier est un enjeu central pour la Corse et son peuple » a rappelé Gilles Simeoni lors du rassemblement. •

F.G.