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Transport aérien : entre nécessité et enjeux écologiques

par François Joseph Negroni

 

« Il faut aller vers la fin de l’avion, la fin du transport inutile. » Nous pouvons entendre cette phrase dans un café parisien, dans un discours à l’Assemblée nationale ou sur un plateau de télévision. Nous manquons cependant d’une grille de lecture complète pour élucider un problème plus complexe et plus politique qu’il n’y paraît. Tout d’abord, les émissions de CO2. Effectivement, le transport aérien est un émetteur de gaz à effet de serre conséquent, mais où se place-t-il par rapport aux autres secteurs ? En France, l’avion représente 3,6 % des émissions de CO2, tandis que le secteur du bâtiment en représente 16 % et l’industrie 18 %. Ces chiffres ne sont pas là pour faire l’apologie de l’avion, mais bien pour démystifier une idée reçue à l’heure où ce secteur reste la clé pour l’émancipation de la Corse. Ouverture sur la Méditerranée, sur l’Europe et plus largement sur le monde, elle permet aux jeunes qui le décident d’apprendre ailleurs pour mieux revenir, à nos entreprises de briller à l’international ou encore à nos habitants de se soigner dignement dans des structures spécialisées. C’est là l’enjeu du transport. Alors certains brandissent le prix comme solution à tous les maux. Les prix sont trop bas, il faut augmenter les prix pour réduire les émissions. Cette solution simpliste est fausse à bien des égards. Quid de la Corse et des territoires insulaires plus généralement ? Sans parler évidemment de la dimension inégalitaire d’une telle réforme, qui laisserait les personnes les plus riches continuer à polluer tranquillement pendant que les plus démunis seraient condamnés à l’immobilité. Il faut prendre conscience de la fragilité de notre planète pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Il faut aussi prendre conscience des enjeux vitaux pour la survie d’une société. Écologie et pragmatisme doivent aller de pair, avec la volonté de changer les choses en agissant réellement là où c’est nécessaire. En attendant, luttons pour décarboner massivement le transport aérien et arrêtons de stigmatiser ceux qui en ont réellement besoin. •