John Hume, dirigeant historique du mouvement catholique irlandais, a marqué de son empreinte l’Histoire de l’Europe en étant l’artisan inlassable du processus de paix qui a débouché sur les accords du Vendredi Saint 1998 ayant mis fin à trente années de conflit sanglant en Irlande du Nord. Après la signature de ces accords, le Prix Nobel de la Paix lui avait été attribué en 1998 en même temps que David Trimble, le leader protestant avec qui il avait partagé cette responsabilité historique.
Cette paix obtenue en Irlande du Nord a aussi changé le cours des choses au Pays Basque (arrêt de la violence par ETA en 2011) et en Corse (arrêt de la violence par le FLNC en 2014).
C’est en 1999 que John Hume était venu en Corse, déjà auréolé de son Prix Nobel de la Paix. Il y avait tenu une conférence exceptionnelle, un dimanche matin car c’était le seul créneau possible dans son emploi du temps, devant un parterre bondé, dans le cadre de notre manifestation « a Ghjurnata d’Arritti » tenue au Théâtre de Bastia. Le débat sur la fin de la violence politique avait été ainsi lancé, en Corse aussi. L’évolution du conflit d’Irlande du Nord vers un processus démocratique a donc été décisive pour arriver aux évolutions survenues ensuite au Pays Basque et en Corse.
Vingt ans plus tard, l’Irlande du Nord se trouve à nouveau confrontée à un défi historique avec le Brexit qui relance le débat sur l’unification de l’Irlande, tandis que les Républicains, au Nord comme au Sud, sont désormais en position de force dans les institutions. Au Pays Basque, les nationalistes viennent d’obtenir le score historique des deux tiers des voix aux élections autonomiques du mois dernier.
En Corse, les nationalistes ont obtenu une majorité absolue aux élections de 2017. Quelles que soient les frustrations et les impatiences légitimes, un nouveau cours politique a été donné à ces combats historiques, sous l’impulsion des accords de paix en Irlande du Nord dont John Hume avait été un acteur essentiel.
Il s’est éteint ce 3 août 2020, à l’âge de 83 ans.