U mo parè

Le vol des faucons

par François Joseph Negroni

 

Ces dernières semaines, les éternels faucons du jacobinisme ont quitté leur nid pour défendre la France une et indivisible. Il ne se passe pas une semaine sans voir une tribune signée du constitutionnaliste Benjamin Morel ou de l’ancien Premier ministre Manuel Valls, évoquant l’horreur ou encore la voie royale offerte au communautarisme que de permettre à la Corse de se doter d’un statut d’autonomie. Du Monde au Figaro en passant par La Tribune Dimanche, ces sauveurs de la France des Lumières déversent une passion qui tourne à l’obsession pour la Corse et son avenir. Une obsession dont nous nous serions bien passés, au vu de l’impertinence du propos.

Connaissance de l’Histoire ? Aucune.

Connaissance du peuple Corse ? Aucune.

Respect de la démocratie ? On s’en passera.

Dans ces tribunes, l’argument principal évoqué est la boîte de Pandore ouverte aux autres régions – ou tribus tant qu’on y est – qui demanderaient à leur tour une reconnaissance de leurs spécificités. Le problème est que cet argument se heurte à la réalité qui s’explique facilement en trois points.

Tout d’abord une légitimité historique, avec une période d’indépendance au 18e siècle et une Constitution écrite, ainsi qu’un combat mené depuis plus de 60 ans par le mouvement national.

Une légitimité démocratique ensuite, avec une domination électorale des nationalistes aux différentes élections territoriales et une Assemblée de Corse composée à 70 % d’autonomistes et d’indépendantistes.

Une réalité géographique enfin, en tant que territoire insulaire ancré dans le bassin méditerranéen.

Il n’y a donc pas de raison de s’inquiéter messieurs Valls et Morel, notre engagement politique a connu trop de drames, de souffrances, pour se laisser dicter la marche à suivre.

Les ânes ne savent pas voler, c’est une certitude, certains faucons non plus, apparemment. •