En 1662, le pape Alexandre VII et Louis XIV s’opposent politiquement. Des incidents éclatent régulièrement à Rome, notamment avec l’arrivée en juin du nouvel ambassadeur du Roi, le duc de Créquy. Lors d’un de ses événements opposant les gardes pontificaux et les gardes de l’Ambassade, un garde corse du nom de Giovanni de Calinzana est blessé. Quelque temps plus tard, deux autres gardes corses, Domenico de Roglianu et Gio Battista d’Aiacciu, traités « d’espions du pape » sont poursuivis par les gardes de Créquy. Gio Battista est mortellement blessé. Dans la soirée, les gardes ajacciens, sous les ordres du capitaine Savelli de Curbara décident de venger leur camarade. Ils attaquent les carrosses de la belle-soeur puis de l’épouse du marquis de Créquy. Un page de 20 ans est tué par Andrea Crovero (quatrième aïeul de Napoléon). Le capitaine des gardes de l’Ambassade, Antoine Duboys, est mortellement touché. Une trentaine de Corses attaquent l’ambassade, malgré les ordres du capitaine de Franchi qui commande une compagnie. Des coups de feu sont tirés des fenêtres. Des passants sont tués Cette attaque met Louis XIV dans une grande fureur, il exige réparation. À Rome une enquête est ouverte. Des gardes s’exilent, neuf autres sont enfermés aux Carceri Nuove et mis à la torture extraordinaire. Mateo d’Ilario de Petralba est torturé puis pendu le 16 décembre sur la Piazza Campo dei Fiori pour le meurtre du capitaine des gardes de l’ambassade. Louis XIV ne décolère pas, il en demande plus et envoie un corps expéditionnaire dans les États du pape en 1664 pour laver l’affront fait au duc de Créquy. Il annexe Avignon. Par le traité de Pise, signé le 12 février, contre la restitution d’Avignon, il obtient notamment que les Corses soient décrétés hors d’état de servir « tant à Rome que dans l’État ecclésiastique » (Article XII), et l’érection d’une pyramide de marbre noir à l’entrée de la caserne des Corses (Article XIII) en exécration de l’odieux attentat commis par les soldats Corses. Un légat se rend à Versailles pour présenter des excuses officielles. En 1668, le pape Clément IX demandera et obtiendra que cette pyramide infamante soit abattue.
La Garde Corse dissoute, les gardes s’en vont pour la plupart au service de Venise.
Ainsi s’achève par la volonté de Louis XIV le service des Corses auprès des souverains pontifes. Sans quoi, à l’instar des gardes suisses, les gardes corses seraient encore aujourd’hui au service du Pape !
Sources : Associu Guardia Corsas Papale, et Claudio RENDINA in Il Vaticano, Storia e segreti. Roma, Newton Compton Editori. 1986, pp 431. Epuisé. Courrier du Major Peter Hasler – Officier chargé des Archives de la Garde Suisse Pontificale en réponse à ma demande faite en 2005