Le 16 février dernier, l’administration pénitentiaire russe annonçait la mort du principal opposant à Vladimir Poutine, Alexei Navalny. À l’âge de 47 ans, le célèbre résistant au Maître du Kremlin a été assassiné dans une prison de l’Arctique. « Tombé subitement malade » après une promenade, Alexei Navalny n’avait que peu de chance de résister plus longtemps face à l’entreprise destructrice de Vladimir Poutine, et les multiples tentatives d’assassinat perpétrées contre lui. Chefs d’États, personnalités politiques… l’attribution de la mort de Navalny ne fait aucun doute pour les démocrates occidentaux.
Ancien dirigeant du parti Russie du futur dans l’opposition russe, il crée la Fondation anticorruption (FBK) en 2011. Sur son blog promouvant des idées anti-corruption, il diffuse des documentaires, organise des manifestations et répand des idées démocratiques tout en publiant des enquêtes sur le parti au pouvoir, Russie unie. Au début des années 2010, après la contestation des résultats des élections législatives en 2011 et son bon score aux élections municipales de Moscou en 2013, il est condamné pour détournements de fonds dans des procès peu équitables. Il publie en 2017 un documentaire sur les méthodes de corruption de Dimitri Medvedev, alors président de Russie, et est à l’origine de nombreuses manifestations dans le pays. Ces multiples condamnations l’empêchent de se présenter à l’élection présidentielle de 2018. En 2020, Alexei Navalny est victime d’une tentative d’empoisonnement et est hospitalisé dans un état grave à Berlin. Revenu de son plein gré en Russie en 2021, l’opposant au régime russe continue la résistance politique au sein du pays en refusant l’exil. Il est alors condamné à 19 ans de prison pour « extrémisme ». À l’arrestation d’Alexei Navalny, le Président américain Joe Biden avertit le Kremlin que sa mort entrainerait des « conséquences dévastatrices » pour le pays. Il reçoit le prix Sakharov rendant hommage à des personnes et organisations défendant les droits de l’homme et les libertés fondamentales, en 2021.
En 2022, dans le documentaire « Navalny » réalisé par Daniel Roher, Alexei Navalny envisage déjà sa mort et adresse un message : « Mon message au cas où je serais tué est très simple : ne pas abandonner. J’ai quelque chose de très évident à vous dire. Je vous interdis d’abandonner s’ils décident de me tuer. Cela signifie que nous sommes extrêmement puissants. Nous devons faire usage de ce pouvoir. Ne pas oublier. Nous souvenir que nous sommes un immense pouvoir, un pouvoir qui est oppressé par ces mauvaises personnes. Nous ne nous rendons pas compte de la force que nous possédons. La seule chose nécessaire pour que le mal triomphe est la passivité des personnes justes. Donc ne restez pas passifs. » Vladmir Poutine ne sait répondre à toute forme d’opposition intellectuelle et politique que par la mort. Alexei Navalny n’est pas le premier opposant politique réduit au silence par la mort. Anna Politkosvskaia, Boris Nemtsov… opposants politiques et intellectuels assassinés, sont aussi des martyrs du régime de Poutine. •