Umagiu

Disparition du peintre Ben

Le peintre et sculpteur Benjamin Vautier, dit Ben, nous a quitté le 5 juin 2024, à l’âge de 88 ans. Homme extraordinaire… qu’un simple hommage ne suffit pas à décrire avec toute la richesse de ses questionnements.

 

Artiste original, profondément attachant, cœur militant, il a mené ses combats avec son coup de crayon qui a bâti sa renommée et fait le tour du monde depuis le début des années 60, sans jamais cesser de faire le tour de ses idées ! Il disait, « écrire, c’est peindre les mots » avec cet art si singulier où avec une écriture presque d’enfant, blanc sur noir, ou noir sur blanc, parfois colorée aussi, il assénait ses vérités du bout de sa mine effrontée aussi bien qu’aiguisée ! Amoureux des lettres, Ben était un philosophe, avec un intérêt débordant pour l’écriture naïve : il disait pourtant tout en quelques mots ! Il peignait cette simplicité de la vie, et commentait avec humour, digne représentant du mouvement Fluxus né dans les années 60 pour sublimer l’art dans la distraction ! Il filme, il photographie, il organise des concerts, et signe tout ce qui lui tombe sous la main… toujours avec cet art de la provocation et de l’amour des choses parce que amoureux de la vie. Il créé la Fondation du doute, centre d’expositions d’art à Blois.

Même chose dans les sculptures contemporaines qu’il érige, tout est matière à dire, suggérer, quelque chose, d’un assemblage de bric et de broc mêlé à ses mots, il fait une œuvre d’art mais surtout une œuvre vivante et qu’il anime, à l’image de son « magasin de Ben » devenu lieu de rencontres et de débats d’artistes ! « Je crois que l’art est dans l’intention et qu’il suffit de signer » disait-il encore. C’était ça son génie, son pouvoir, son audace, son impertinence, sa dérision ! Et c’est l’amour qui l’a tué… un amour tellement fusionnel qui emplissait sa vie auprès de sa compagne, Annie Baricalla, que lorsqu’elle a subitement disparue emportée par un AVC, il a posé sa plume pour partir la rejoindre le lendemain même de son décès… Elle partageait sa vie depuis 1964 et lui a donné deux enfants dont les seconds prénoms semblent encore des provocations : Cunégonde et Malabar !

 

Ben était un artiste engagé, militant occitan, il plaidait aussi pour un « Tibet libre », il avait une vision du monde multiculturelle. C’était un défenseur des langues et des cultures et des peuples ! Il avait soutenu notre liste aux élections européennes en juin 2014 et avait été candidat « Oui la Provence » en 2021. Il était l’ami de la Fédération Régions & Peuples Solidaires. Il nous manquera beaucoup.

Qu’il repose en paix auprès de sa femme avec qui il a choisi de partir, parce que, comme il disait, « Vivre c’est aimer ».

F.G.