On en a peu parlé dans les grands médias, mais, pour dénoncer le manque d’ambition du projet de loi Climat présenté par le gouvernement à l’Assemblée Nationale ce lundi 29 mars, plus de 110.000 personnes ont défilé dimanche dans quelques 65.000 villes en France à l’appel de 600 organisations.
Rappelons brièvement la genèse. Une planète en danger, avec l’accélération des bouleversements climatiques, des températures excessives et des incendies ravageurs ici, pendant qu’ailleurs sévissent tempêtes et ouragans, la fonte accélérée des glaces aux pôles, le recul des grands glaciers, des territoires entiers appelés à disparaître sous les eaux, la perte incommensurable de biodiversité liée à tous ces déséquilibres, les alarmes de la grande majorité des experts mondiaux inlassablement réitérées depuis 30 ans au moins, des sommets internationaux qui se succèdent avec des résolutions la main sur le cœur de réduire les émissions de gaz à effet de serre, restées sans suite… et, en France, la mise en place d’une « Convention Citoyenne pour le Climat », 150 personnes tirées au sort dans un esprit – on le croyait – de démocratie participative, un travail sérieux rendu après des semaines de travail intense, 149 propositions citoyennes pour tenter d’inverser la courbe du déclin avec la conscience qu’il ne reste plus beaucoup de temps, et puis… des promesses d’État non tenues, un projet de loi en demi-teinte, une supercherie qui ne nous laisse plus que la colère, quand une pandémie mondiale et un matraquage médiatique étouffent toute révolte et neutralisent les grandes masses !
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pourtant bravé les interdits de la crise sanitaire pour demander aux députés le travail que le gouvernement n’a pas fait, sensibiliser au-delà des appartenances politiques, et obtenir une meilleure prise en compte des enjeux du réchauffement climatique.
Au sortir de cette grande mobilisation, peu d’échos médiatiques et aucune réaction gouvernementale, témoignant du poids des lobbies industriels. Emmanuel Macron reste bien loin des objectifs qu’il s’est lui-même assigné : atteindre le cap de 40 % de réduction d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, alors que l’Europe vient d’assigner un nouvel objectif de -55 %. La condamnation de l’État pour son inaction par le Tribunal de Paris à l’appel des ONG de « L’affaire du siècle », n’a pas davantage pesé.
En Corse aussi, plusieurs centaines de personnes ont défilé à l’appel de plusieurs associations à Bastia, Aiacciu, Isula Rossa, Bonifaziu, Corti… mais chez nous aussi c’est insuffisant…
437 millions de personnes dans le monde sont d’ores et déjà affectés par les conséquences du réchauffement climatique. Selon une étude du National Bureau of Economics Researchs, dans le pire scénario (+3° qui semble bien être celui qui nous attend, face à l’insuffisance des mesures prises pour lutter contre ces bouleversements) la hausse de la mortalité planétaire, liée au changement climatique, sera supérieure à l’ensemble des épidémies infectieuses réunies (tuberculose, VIH, paludisme, dengue, fièvre jaune, grippe…) responsables de la mort de 5 millions de personnes chaque année. Malgré cela, un silence assourdissant de ceux qui sont en capacité d’agir. Un veru stumacheghju ! •