Par François Alfonsi
Que ce soit sur le temps long, un demi-siècle après que cette revendication a été formulée par l’ARC puis portée sur les tee-shirts de ceux qui avaient décidé d’occuper la cave d’Aleria avec Edmond Simeoni ; ou sur la période récente dans le cadre du processus de Beauvau lancé il y a un peu plus d’un an après les grandes manifestations qui ont suivi l’assassinat dans sa prison d’Yvan Colonna, l’autonomie est la perspective tracée pour l’avenir de la Corse.
Certains la voient comme une étape ; d’autres comme un point d’équilibre. En fait c’est l’avenir qui le dira. En ouvrant un espace dans le cadre constitutionnel français, l’État admet enfin qu’il doit faire une place à la spécificité du peuple corse.
Le peuple corse aspire à la liberté de construire son propre destin. Il en a la légitimité historique, et il veut vivre dans le monde moderne et européen en étant lui-même, avec sa langue et sa culture, ce que le jacobinisme français a obstinément refusé jusqu’à aujourd’hui.
Un dialogue est en cours pour sortir de ce blocage, et la négociation est engagée. Au bout de 18 mois depuis que ce processus de Beauvau a été initié, Arritti propose par ce numéro spécial d’en faire un point d’étape, ancré dans le temps présent, et avec le recul des décennies qui ont créé les conditions politiques qui prévalent aujourd’hui.
Car il a fallu, pour arriver à imposer l’autonomie comme cadre d’une négociation avec l’État bien des sacrifices, bien des drames, bien des souffrances. Mais cette flamme n’a jamais faibli. Elle a éclairé l’engagement politique, génération après génération, de milliers de Corses, et elle a progressé de façon spectaculaire dans l’opinion insulaire au cours de la dernière décennie, passant de 25 % à 68 % des voix.
Elle est ainsi devenue la volonté du peuple corse, volonté actée démocratiquement par la délibération prise par l’Assemblée de Corse le 5 juillet 2023.
Cette délibération de la représentation élue de la Corse appelle une réponse au plus haut niveau de l’État, à partir de laquelle une négociation pourra s’engager, et son résultat être soumis à un referendum en Corse. Ce qui pourrait ouvrir les portes à la majorité des trois-cinquièmes indispensable pour une réforme constitutionnelle.
Le calendrier, en cas d’évolution positive, est connu. Une révision de la Constitution est annoncée en 2024 à propos de la Nouvelle-Calédonie. S’il franchit toutes les étapes, l’autonomie de la Corse pourrait être alors présente au rendez-vous.
C’est à partir de septembre que ces évolutions vont pouvoir se mettre en place. En attendant, voici le dossier qu’Arritti vous propose pour faire le point du processus en cours. •