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« Allogènes » et « indigènes » : halte à l’hypocrisie !

Max Simeoni
Max Simeoni
« Les nationalistes corses ont le droit d’exiger la reconnaissance du peuple corse et le rétablissement de tous ses droits. Ils s’appuient sur le fond humaniste des valeurs les plus universelles du respect des droits de l’Homme et des peuples. À la France de trouver les solutions institutionnelles. À elle d’évoluer pour réparer l’injustice qu’elle a commise » disait Max Simeoni dans Arritti le 18 novembre 1999. Ces prochaines semaines, ce débat va se poser à l’Assemblée nationale et au Sénat…

 

 

« Allogènes » et « indigènes » : halte à l’hypocrisie !

par Max Simeoni

 

 

Des arrivants récents en Corse, des « allogènes », cela existe. Comme existent les habitants de toujours ou depuis longtemps (des anciens « allogènes »), des « indigènes » synonyme « d’autochtones ».

 

« L’allogène » est par définition un minoritaire. II demande en général à s’insérer sans renier pour autant son origine ou sa culture. Les juifs de Corse sont un bon exemple de leur participation à la vie insulaire. Ils peuvent se dire juifs et Corses, parlent corse, sans complexe et acceptés comme tels. Pendant le régime de Pétain, ils ont été mieux protégés qu’ailleurs. « L’allogène », sans ce souci de respecter la communauté d’accueil, peut devenir un agent conscient ou non d’un système colonisateur. L’hypocrisie des jacobins consiste à s’indigner contre les violences de plasticage de certains « allogènes » pour diffammer un fonds politique, par ricochet, sans le dire franchement.

L’idiotie de certains nationalistes est de croire qu’en plastiquant deux ou trois « allogènes », ils peuvent arrêter le processus de colonisation de peuplement subtil et sournois de la République française jacobine. Une cause juste souffre toujours des injustices qui sont faites en son nom, sauf logique de guerre qui efface crimes, bavures, erreurs humanitaires. Or il ne peut y avoir de logique de guerre en Corse.

 

Le problème fondamental est celui de la reconnaissance du peuple corse sur sa terre. Nier ses droits, en niant son existence est un crime prémédité et historique : cette négation entraîne toutes sortes de processus aux conséquences désastreuses qui finiront par le faire disparaître. La République française jacobine tue la langue corse en faisant semblant de l’aider : elle refuse les traitements efficaces (coofficialité, obligation de l’enseignement…) pour ne donner que des potions de circonstances. Elle veut un crime parfait, où elle n’aurait aucune responsabilité. Elle ne signe pas la Charte des langues régionales ? C’est contraire à sa Constitution qui serait donc parfaite et inamendable. Pire, l’obligation de l’enseignement est une atteinte à la liberté. Alors, comme chacun le sait, les Catalans seraient donc des fascistes ?

La République française jacobine s’attaque en priorité à l’âme du peuple corse. Elle cherche et en partie, elle y a réussi, à « l’aliéner », c’est à dire à l’asservir. Pas de peuple corse reconnu dans la loi, pas de terre corse. Ce qui rend hors la loi l’amour de la Terre corse, le patriotisme corse, le sentiment d’appartenance à une communauté historique ; les sentiments, les idées qui les expriment doivent être suspects, vilipendés, dénaturés pour pouvoir être insultés, puis réprimés. Et par une formidable inversion des valeurs humanistes et démocratiques, on leur colle I’étiquette de xénophobie, de racisme, de fascisme…

 

En réaction, certains nationalistes se croient autorisés à user de moyens de dissuasion physiques contre des individus allogènes. Ils tombent dans le piège. Ils cèdent à I’ émotion, à la peur d’être minoritaires sur leur terre, ou dilués de plus en plus mais sans avoir prise sur le système, ou s’en prennent à quelques individus innocents ou du moins inconscients, souvent attirés par la beauté de cette terre, ils perpétuent des injustices, qui rendent moins clairs les enjeux. La faute est grave car, je le répète, il ne peut y avoir de logique de guerre en Corse. Ces erreurs, ces bavures, ces crimes, sont comptabilisés contre notre cause nationale et utilisés par nos ennemis jacobins. Jean-Guy Talamoni a raison de dénoncer une stratégie d’investissement démographique et de remplacement des « indigènes » par des « allogènes » aux postes clés, ce que le rapport Glavany a préconisé. Mais cela est la pratique habituelle depuis toujours de la République française. Le contraire a été I’ exception ponctuelle.

 

Les nationalistes corses ont le droit d’exiger la reconnaissance du peuple corse et le rétablissement de tous ses droits. Ils s’appuient sur le fond humaniste des valeurs les plus universelles du respect des droits de l’Homme et des peuples. À la France de trouver les solutions institutionnelles. À elle d’évoluer pour réparer l’injustice qu’elle a commise.

Nous avons le droit de vouloir sauver notre langue et notre culture et de les rendre à la vie en pleine santé et pour cela il faut l’enseignement obligatoire et l’officialisation de la langue corse. Nous avons le droit de réclamer à valeur égale, la corsisation des emplois, après avoir subi l’exil massif et la décorsisation orchestrée sur notre langue et sur les hommes remplacés en Corse par d’autres.

La non reconnaissance du peuple corse est un génocide déguisé, sans violence physique apparente. Ce faisant, nous défendons des valeurs hautement démocratiques et profondément humanistes niées à notre égard par la République française des jacobins. Soyons conscients cependant que nous ne gagnerons que si nous sommes bien compris des Corses qui partagent nos aspirations. Soyons conscients que la violence physique est un faux remède, une mauvaise garantie qui nous donne aucune assurance et qui fragilise la cause nationale corse.

Un nationalisme serein, démocratique et ferme sans aucune faiblesse est la seule planche réelle de salut que nous pouvons offrir à notre peuple. •