Arritti poursuit son rappel de Autunumìa de juin 1991, entamé dans les deux précédents numéros. Après la parution du premier Autunumìa en 1974, sous l’égide de l’ARC, cette seconde édition est publiée par l’UPC, Unione di u Pòpulu Corsu qui a pris la suite de l’ARC dissoute après les évènements d’Aleria. La famille nationaliste s’est diversifiée, les politiques d’unione et les ruptures se sont succédées, pendant que l’État a poursuivi sa politique de répression. L’Europe est en construction, l’identité des peuples s’affirme. C’est le moment de clarifier les objectifs. Autunumìa 1991 aborde tous les aspects du problème corse et cherche à tracer une voie. Voici la troisième partie de notre rappel des grandes lignes de cet ouvrage.
Il faut un plan de développement
Transports.
Extérieurs : maîtrise par l’Office des Transports avec trois objectifs : l’environnement méditerranéen, l’agricuture (p.119), la pêche (p.125) qui est sous valorisée. Diverse : ouest qualité-fonds marins considérables (200 bateaux sur 300). L’est corse, talus continental espèces souvent moins nobles, plus abondantes : chalutiers. 18 bateaux sur 90.
La profession est sur les « petits métiers » ont un meilleur revenu dans les conditions actuelles. 800 tonnes à l’ouest, sur le plateau Est, 700 tonnes. On peut augmenter à 1.100 tonnes et 1.500 tonnes. Grandes quantités non pêchées d’anchois et de sardines, et le thon. Donc 1.000 tonnes de plus à pêcher possibles.
Mais les mareyeurs bloquent, il n’y a pas assez de valeur ajoutée (13.000 tonnes pêchées en Sardaigne pour 1.500 en Corse). L’organisation du marché reste donc à faire. Les petits métiers ont un meilleur revenu. Modernisation de la flottille : économie de carburant, ports de Pêche, collecte du poisson à proximité, structures de froid, réparer sur place… 2.000 tonnes d’espèces non pêchées à l’Est : un grand port de pêche (Taverna-Campuloru ?) avec maintenance, aquaculture (étangs), criée, conditionnement, ou transformation.
La pollution affecte les ressources, les eaux corses sont une exception, l’État cependant applique le plan européen de réduction. Les eaux corses seraient sacrifiées. Donc d’abord atteindre un niveau de production. Le pélagique inexploité au détriment du trémail. Collaboration des professionnels avec la formation et la recherche (Ifremer, EAM, Université) Faire de la Corse une réserve naturelle. Contre la politique européenne, une politique locale : des projets précis de développement inscrits dans le Schéma d’aménagement et le Plan de développement régional.
Maîtriser le tourisme.
Maîtrise quantitative en période de pointe (mois d’août 400.000 touristes pour 200.000 résidents), il faut mieux les répartir. Pourquoi on est arrivé à cela ? Effort à porter sur les transports maritimes et la Continuité territoriale, des paquebots plus énormes (trois fois plus de passagers qu’il y a 10 ans !), et les compagnies italiennes, créent un flux au gré de la demande ! Proximité géographique et culturelle et près des centres du Nord européen. Le pont terrestre de la plaine Orientale de la desserte de la Sardaigne avantage les compagnies italiennes. Seul le mois d’août est rempli, juillet morne, arrière-saison qui stagne. Faute de réagir, la Corse est submergée avec des conséquences sur l’écologie et socio-culturelles. La faillite économique est possible.
La maîtrise quantitative dans une île est pourtant simple si l’on a une volonté politique.
Maîtrise qualitative : il y a du potentiel : variété, dépaysement, attractivité, climat, contraste culturel, la Corse peut moduler son tourisme. Le contraire est fait, un maximum de lits de plein air, le dur plus favorable à l’étalement de la saison et au 3e âge. Pas de lieux prévus pour des colloques… Nord de mer rien autour de San Fiurenzu, Ìsula Rossa, Prupià. Portivechju. Non organisée, Aiacciu est proche. Sant’Ambrosgiu, un désert et du vent…
Priorité aux petites affaires familiales (contacts et accueil) et non aux trusts. Vocation du tourisme de la Corse mais un tourisme pour nos intérêts collectifs !
Tourisme pour l’économie Corse. Trompe l’œil que le nombre transporté, mais avec quelle compagnie ? Qui l’héberge ? Consomme-t-il des produits locaux ou importés ? Venu hors saison ou en août ? Les dépenses dans l’économie corse le plus bas en Méditerranée !
Quatre objectifs : accueil/hébergement, intérieur/parc régional, confort meilleur, diversification (canoë, kayak, pêche, randonnée à pied, à cheval, ski, alpinisme… thermalisme. Il faut un plan de développement).
Les ressources naturelles.
La forêt avec grande surface et bois de qualité, surface mais incendies, une forêt privée indivise, à l’abandon, des débouchés : le bâtiment « charpentes, un marché restreint… ». En matière de sylviculture, on compte de 60 à 80 ans pour la repousse. Les petits bois, pas de débouchés, dépresser, troncs dans les scieries. Autre valorisation : le bois énergie remplaçant fioul ou gaz.
Soutien de la filière : scieries, puis menuiseries, ébénisteries, aluminium, PCV, charpentes métalliques, mais pas de lamellé-collé, décors, mobilier fonctionnel. La filière bois est réduite, et dans quelques années elle sera destinée à l’exportation vers les ports de Méditerranée. Schéma colonial : on prélève les matières premières naturellement produites et on les transforme ailleurs pour les exporter partout, y compris à ceux qui ont fourni les matières premières. Un centre technique du bois va être créé par l’Université.
Élargissement des autres filières.
Liège, pierre, plantes aromatiques… Maîtrise des ressources et des marchés. Intervention de l’Agence de développement.
Île des énergies nouvelles : une situation de dépendance, seule l’hydroélectricité (4 % de potentiel sauvage, 26 % dans l’Hexagone) mais faible volonté locale, EDF monopole d’État que ses intérêts propres motivent. Atout pourtant important en Méditerranée (900 mm de précipitation pour 1.000 GWh LR. Les besoins de l’île s’élèveraient à 1.000 GWh : autonomie énergétique possible. Or l’île est dépendante à 70 %.
De plus, un barrage est une réserve d’eau pour l’agriculture et la prévention des incendies.
Depuis 1970, EDF refuse l’équipement hydroélectrique et préfére les centrales thermiques au fioul lourd (faible puissance pour marchés limités et export de cette technologie (DOM, etc.). Puis vers 1984, opposition sur l’île du nouveau choc pétrolier et surproduction d’origine nucléaire, câble sous-marin Italie-Corse, grâce à ICO, EDF peut fournir ses centrales thermiques et vendre de l’électricité à l’Italie. Autre projet européen : un gazoduc entre l’Italie et la Sardaigne pour une meilleure rentabilité. Avenir de la Corse vers une dépendance accrue.
Alternative : l’île des énergies nouvelles : ensoleillement, montagne et pluies abondantes, bonne potentialité hydroélectrique, couverture végétale importante et souvent dense. La partie Sud, vents réguliers favorables à des sites éoliens. Toute les énergies renouvelables : hydraulique, solaire, biomasse, éolien ! Les énergies renouvelables plus qu’ailleurs sur l’Hexagone : 1.000 GWh pour actuellement 350 à 400 GWh avec 6 sites. La vocation est très nette et de multiples activités en perspective. Ces énergies possibles sont rendues obligatoires. Le sud de l’Europe et la Corse. Un laboratoire grandeur nature : l’île des énergies nouvelles en Europe !
Les autres peuples insulaires et nous face à la logique macro-économique des continents préserver leur production autonome et surtout l’Energie. C’est une priorité politique et ce sera, s’il le faut, un combat politique.
Les autres activités de production.
Tissu existant (artisanat, PMI), favorable à la création d’emplois, modernisation, extensions… Priorité pour celles du Plan de développement : « pépinières d’entreprises », PME.
Un environnement performant : niveau de recherche et formation. D’où le CRITT rattaché à l’Université de Corse. Partenariat extérieur (technicité, exportations). Corse et Sardaigne liées dans le Marché unique. •