par Max Simeoni
En fin d’année, il convient de faire un bilan des nationalistes pour l’objectif historique de « sauver le peuple corse et de conserver sa Terre, l’île. » Puis de faire des propositions pour atteindre ce but au mieux sans perte de temps.
Deux ou trois thèmes pour voir que le danger de disparition du peuple corse persiste en s’aggravant.
– La pollution : les fonds marins qui ceinturent l’île sont encombrés de déchets plastiques qui viennent de tous les pays d’Afrique et surtout d’Europe, avec une population croissante dans une mer fermée et de grands fleuves (Nil, Rhône, etc.) qui s’y déversent. Sans savoir ce que la transition climatique peut entraîner !
– La pollution de l’air, malgré nos montagnes élevées, nous arrose des particules des industries de l’Europe et des sables du Sahara. Impuissants, nous subissons ces pollutions qui vont s’accroissant.
– Il y a plus grave avec des effets plus rapides : c’est la volonté des dirigeants de la République de faire un tourisme massif pour le développement économique de la Corse comme l’indiquait le Schéma d’aménagement de 15 ans (1971/1984) voté en 1971 en Conseil des ministres suivant une des hypothèses évoquée mais rejetée par l’Hudson Institute dans son rapport pour la Datarque cette dernière voulait secret (250.000 lits à créer en 15 ans, 70.000 techniciens à faire venir pour s’en occuper). La République des jacobins avait choisi de noyer ce qui restait de peuple corse, île volontairement non développée et rendue dépendante, plus de 97 % de ce qu’elle consomme venus du continent et notamment des plates formes distributives de Marseille. En 1962, l’Algérie devient indépendante, le réservoir est vidé, l’île a 160.000 habitants, l’Europe débute par l’économie, le territoire peut servir par son tourisme un marché essentiellement de consommation au bénéfice des productions extérieures.
Beaucoup, de nos jours, continuent de croire que l’île est improductive incapable de nourrir ses habitants, qu’elle n’a pas été colonisée, et qui s’imaginent que la France est sa seule chance d’échapper à la misère.
Le rapport de l’Hudson Institute divulgué par l’ARC est « abandonné » car il est vomi par tous les Corses.
Mais le même objectif étatique d’un tourisme présenté comme le moteur du développement économique continue (lire Autonomia de 1974 où tout est expliqué). Il se poursuit sans plan officiel, plus soft. Il a retrouvé un déguisement qui le camoufle. Il n’est plus patronné par la Datar mais par les compagnies financières bancaires en offrant du crédit avec une réduction de 30 % pour les constructions à valeurs locatives. D’où la prolifération des résidences secondaires et des guichets de banques, vu aussi la prise d’options pour les zones du littoral par des organismes financiers (cf. carte dans Autonomia de 1974). L’épargne recueillie sur l’île n’y était pas réinjectée avant l’option du « tout tourisme ».
Quatre statuts particuliers (Deferre, Joxe, Jospin, et Cazeneuve) ont été concédés devant la poussée revendicative. Ils ont donné quelques pouvoirs de gestion à la CdC. Ils sont insuffisants pour pouvoir changer cette dépendance mais ils donnent un argument pour accuser la majorité nationaliste de l’échec et, un comble, de clanisme !
Or il est flagrant que sans le pouvoir de faire des lois adaptées, sans autonomie, on gère sans progrès, sans issue. Ceci pour l’économie. Pour la langue, sans coofficialité, elle disparaîtra. Vous comprenez mieux l’impasse. Un peuple sans sa langue est mort (rapport de l’Unesco de 2002/2003). Vous comprenez pourquoi des avancées statutaires ne peuvent mener à rien qu’à la disparition d’une communauté historique, sur une Terre reconnue comme belle qui débarrassée d’indigènes à racines, devient l’enjeu de spéculations en tous genres, propices à la voracité mafieuse.
La musique spéculative donne le ton et scande tout.
Ainsi on la retrouve plus ou moins dans nos déchets ménagers. Batailles à n’en plus finir pour savoir où les entreposer et qui va les traiter. Qui aurait pensé il y a 60 ans avant le raz de marée de la société de consommation à de tels embarras ? Dans nos villages les routes n’étaient pas goudronnées pour les automobiles, les poules y circulaient et semaient quelques déjections vite dégradables. Je ne plaide pas pour restituer la Corse de nos ancêtres. Mais tout progrès technique amène des inconvénients imprévisibles. L’auto par exemple. Les routes élargies, des tournants adoucis pour gagner 5 à 10 minutes entre Corti et l’aéroport. Des aires de stationnement bien placées pour les courses en ville. Les grandes surfaces à la sortie des agglomérations. Un élément entre autres qui explique les difficultés des commerces en centre-ville.
Pour tout ce qui est économie, culture et langue corse, des causes lointaines qui viennent de loin et une cascade d’éléments apportés par la modernité technique rendent l’équation insoluble, sans les moyens de faire ou d’infléchir les lois.
L’autonomie est une priorité si on veut assurer l’avenir du peuple corse sur sa terre historique, l’île.
Les compétences de gestion consenties par l’État jacobin peuvent être utilisées pour aider ceux qui sont dans le besoin le plus pressant (60.000 précaires ; autant en devenir). En 1962, l’île avait 160.000 habitants quand j’ai vissé ma plaque de médecin. Le réservoir d’hommes pour l’Empire colonial après la guerre de 40 était à l’étiage. La terre insulaire vacante pour recaser 18.000 pieds noirs en exode.
Avec un tourisme non encadré pour le mieux-être des Corses, la majorité « absolue » des nationalistes n’a pas les moyens de l’orienter en ce sens. Les Corses devront se contenter des miettes, l’équilibre écologique, la biodiversité agressées.
La sortie de cette dépendance quasi totale mortifère pour une économie où le peuple corse dispose des moyens légaux d’une autonomie entière et de plein exercice devrait se faire en sifflet avec l’aide du pouvoir central ne serait-ce qu’au nom d’une réparation historique.
Je conclurai par les vœux puisque paraît-il on a tout le mois de janvier pour les faire.
Pace è Salute per voi chì lighjite Arritti. Pace è Salute pè u populu corsu ma st’auguru rivene à dì « a forza è capu d’assegna per vince sta lotta. » Oui, on ne sauve pas un peuple par procuration. •