par Max Simeoni
Où en est-on du processus Beauvau ? Le crédit du président de l’Exécutif de Corse semble dangereusement entamé.
Les formations politiques et quelques autres socio-économiques ont joué du coude à coude pour être dans le peloton emmené par le président de l’Exécutif « local », Gilles Simeoni, place Beauvau pour y parler de tout « sans tabou ». La venue du ministre de l’Intérieur Darmanin, annoncée pour définir le processus, a été renvoyée chaque fois en continuant de l’attendre.
Fait nouveau récent, certains, dont les Républicains, viennent de casser le peloton. Ils iront seuls place Beauvau exposer leurs analyses politiques et économiques.
Ainsi, le crédit de Gilles Simeoni est entamé. Il ne peut plus prétendre représenter la grande majorité du peuple corse. Majorité sans doute du fait que personne ne peut jouer ce rôle à sa place… pour le moment. Un homme seul que partis ou politiciens veulent bien consacrer sans trop de force politique le soutenant. On se rend compte qu’un tel échafaudage est propice à toutes les combinaisons aléatoires de politiciens qui ont une expérience limitée et pressés d’avoir une notoriété dont beaucoup mettront en avant leur capacité de nuire plus que de construire pour être admis dans la farandole des élus « locaux ».
Toute la classe politique est tombée dans le piège des statuts particuliers (Defferre, Joxe, Jospin, Caseneuve). Statuts qui les rendent responsables d’une partie de la gestion, sans moyens ni financements suffisants pour tout étreindre. Le sentiment désabusé de n’être pas différents des clans finit par l’emporter.
Il manque la partie la plus importante : la base populaire. La base électorale d’élu local a débouché sur un jeu d’élus qui forment des bandes derrière leurs banderoles et qui se disputent au sein même de leur parti une onction qui est celle d’un suffrage universel perverti. L’intérêt collectif devient celui de bandes électorales. Or, le peuple est hors course.
Je vais tenter de définir le processus qui a été escamoté.
Les militants d’une piève où ils vivent se regroupent pour appliquer la ligne définie par un ou plusieurs congrès généraux et qui ont voté le statut du mouvement émancipateur du peuple corse. S’il y a quelques différences secondaires, elles sont admises dans l’organisation majoritaire et soumises à des règles de fonctionnement démocratique. Dans chaque piève, un local du mouvement est ouvert avec une permanence d’un dirigeant local pour recevoir un public intéressé (militants de passage, de la diaspora, sympathisants, simples curieux). Les publications, la presse du mouvement, l’historique, etc., sont résumés sur des tableaux didactiques.
Les militants se réunissent entre eux pour les débats internes et pour élire un bureau (président, trésorier, secrétaire, trois ou quatre membres…) lequel est garant d’un fonctionnement démocratique statutaire. Ces bureaux sont effectués à tour de rôle. Pas d’emploi illimité dans le temps.
Ceci n’est qu’un bref aperçu de ce qu’il est possible de faire dans un parti qui cherche à impliquer dans la réflexion en cours ses militants, et, au-delà, ceux de son peuple qui souhaitent s’investir. Car c’est bien ce que doit rechercher un parti nationaliste : associer le peuple corse à la construction de son avenir.
Il y a certainement d’autres choses à dire, des processus internes à développer, que cette « mise à l’écart » qui est aujourd’hui ressentie par le plus grand nombre et qui, c’est évident, entraîne un désintérêt préjudiciable, quelles que soient les bonnes volontés que l’on peut afficher et l’énergie que l’on veut déployer. Car ce désintérêt est une aubaine pour tous ceux qui, à Paris, comme en Corse, se détournent de l’intérêt collectif pour ne cultiver que la pulitichella. Que c’est triste ! •