A pensata di Max Simeoni, e so anàlisi, e so parolle ribòmbanu à e nostre mente. Arritti ch’ellu hà creatu in u 1966 ferma a so làscita a più bella, è cuntinueremu à dalli voce, ramentendu pè u più pè e nove generazioni, a strada ch’ellu hà inditatu cù i so fratelli è i so cumpagni à longu à più di cinquant’anni di lotta. Eccu u so edituriale di u 24 di dicembre 2020 chì ramenta u custatu tremendu di a culunisazione… O Màssimu ripusate in pace, a giuventù firmerà fida è degna di tamantu impegnu è generosità.
Peuple corse : se donner les moyens de la (sur)vie ?
par Max Simeoni
En fin d’année, j’éprouve le besoin de résumer les principes essentiels, ceux que j’ai martelés à chaque parution, les mêmes depuis des années, depuis toujours en tenant compte du cadre général socio-politique et géopolitique, lequel évolue et est souvent imprévisible. Le Covid19 n’est-il pas une surprise complète ? Puis j’évoquerai dans un ou deux autres Arritti quels pourraient être les moyens à mettre en œuvre pour les réaliser. Ce sera une analyse pour ce début sous formes de questions que je pose et auxquelles je donne une réponse, ma réponse.
Existe-t-il un peuple corse ? Pour moi, oui c’est une évidence. Il a une histoire surtout faite de luttes, de conflits contre des dominants souvent en concurrence entre eux pour des raisons de sécurité à leurs frontières maritimes et leurs échanges en Méditerranée, une mer fermée à deux entrées Gibraltar et récemment Suez où se déversent de grands fleuves, carrefour de continents (Europe, Afrique, Orient), bordée de nombreux États à plusieurs peuples et dont les berges sont de plus en plus peuplées, une croissance exponentielle est en cours.
Une île comme territoire évident, une langue, une culture forgée contre toutes les formes de dominations, des échanges depuis la pré-Antiquité… « l’âme corse » est celle de défenseurs. Dolmens et menhirs, grecques, romains, génois, Venise, Florence, Naples, arabes, turcs (razzias) ont laissé leurs traces… défenseurs toujours par obligation et trop petits pour agresser d’autres territoires.
Ce peuple est-il en danger, en voie de disparition ? Oui c’est un fait. Il a été vidé. En 1960, la population était de 160.000 habitants selon l’Insee. Aujourd’hui elle serait passée à 330.000 ou 340.000 habitants toujours selon l’Insee… en une trentaine d’année. Cet accroissement est surtout fait par des apports allogènes.
Quelle est la cause ? La fatalité ? Non. Elle résulte d’une politique délibérée constante depuis la victoire du roi de France sur Pasquale Paoli à Ponte Novu en 1769. Le régime républicain impose la loi Douanière de 1818 à 1913 pour rattacher l’île à la France continentale en la coupant de toute échange possible du fait de sa position géopolitique en Méditerranée. Loi douanière qui en conséquence l’appauvrit et empêche tout développement économique.
À la guerre de 14-18, elle aura près de 14.000 morts et peut être autant de grands blessés. C’est dire l’importance de la saignée de procréateurs de 20 à 50 ans. Leur Terre insulaire non développée, pauvre, les Corses ont les portes grandes ouvertes de l’exode pour une France de fils uniques (avant les Allocations familiales) et l’encadrement de son Empire colonial.
À la fin de cet Empire (Accords d’Evian en 1962), les prémisses de la construction européenne (traités CECA, Erratum…) l’État français doit recentrer ses efforts sur les régions surtout périphériques qu’elle a négligées quand elle tirait sa richesse de son Empire.
La Datar commandite en secret en 1970 à un grand organisme de prospective, l’Hudson Institute, un rapport pour le développement du tourisme en Corse. Sur quatre schémas envisageables, elle retient celui qui est une noyade des restes de peuple corse et non conseillé par l’Hudson Institute tenu au secret par contrat. Ce schéma d’aménagement de la Corse est présenté comme un développement touristique profitant à tous les Corses. Dévoilé par l’ARC, il est rejeté par tous. L’État républicain est pris en flagrant délit, il ment effrontément, il manœuvre pour s’en sortir, il fait mine de ne pas le mettre en application. On sait qu’il passe les bornes de ses lois. La vignette auto pour aider nos « vieux » qu’il encaisse et use à d’autres fins. Pour l’implantation des pylônes sans contre-partie de la ligne carbo-sarde que les insulaires rejettent, il prend un décret d’intérêt publique. L’enveloppe de continuité territoriale pour diminuer le prix du transport et « soulager le panier de la ménagère » devenue DSP que gère l’Assemblée de Corse, flattée par cette compétence de gestion, les compagnies de transport se la disputent mais « la vie est plus chère » que sur le continent et la Corse la plus pauvre des régions selon l’Insee.
L’État continue sans le dire cette politique d’accélération de la disparition par noyade du peuple corse mais d’une façon camouflée. Preuve chiffrée :
– un développement touristique dont l’essentiel des profits va à plus de 97 % aux productions extérieures (alimentation, vêtements, matériaux de constructions) et à leurs financements ;
– un flux de population qui double presque, fait par des nouveaux venus pour la plupart sur un fond de Corses vieillissants et dépendants. Doublement réalisé tout au plus en une trentaine d’années ;
– un « moteur touristique » qui draine l’essentiel des profits pour l’extérieur et un renouvellement de population qui s’amplifie, ce sont bien là les objectifs en œuvre voulus par la Datar relié directement au Premier ministre. Disposer d’un territoire qu’on vide de ses autochtones pour le rentabiliser le plus rapidement aux profits d’intérêts qui le colonisent.
Comment définir cette politique délibérée autrement que coloniale ? Elle s’apparente à un génocide sans effusion de sang par le biais économico-socio-culturel puisqu’il nie et efface tous les antécédents historiques de tous les descendants défenseurs de cette Terre qui les a vu naître et ceux qu’elle a su accueillir.
La fin historique de notre peuple est une réalité qui ne doit rien au hasard, ni aux erreurs. Elle est préméditée depuis plus de deux siècles. Et ceux qui le pensent doivent se poser la question de savoir comment y faire échec. Les nationalistes les premiers puisqu’ils se sont dressés pour sauver leur peuple et que, devenus majoritaires « absolus » d’une institution « locale », ils se rendent compte qu’ils manquent de cordes à leur arc ? •