par Max Simeoni
Les candidats déjà effectifs, ou plus ou moins probables, font le tour de France pour présenter leurs candidatures à l’élection directe par le Suffrage Universel. Nous avons eu Yannick Jadot épaulé par François Alfonsi et Valérie Pécresse qui ont fait le tour de Corse.
J’avais rencontré le premier « Vert » politique en 1988, Antoine Waechter. Ne faisions nous pas de l’écologie naturellement quand nous luttions avec d’autres contre le transfert de la base d’essais souterrains atomiques du Hoggard à l’Argentella, les boues rouges et la spéculation immobilière ?
Les propos tenus par Yannick Jadot rejoignent l’essentiel de nos priorités de combat mais plus de 30 ans après ! La situation de notre peuple s’est bien dégradée et le temps perdu joue contre lui, malgré notre « majorité absolue » locale…
Valérie Pécresse a fait une tournée rapide mais aussi ferme que diplomatique, marquée par des propos adaptés aux différents publics choisis, balisée par des symboles. Une nuit sur le Charles De Gaulle avant d’aborder Aiacciu en hélicoptère, certes elle n’a pris aucun risque de retard. A-t-elle voulu rassurer l’Armée sur l’importance des budgets si elle est Présidente ? Est-ce un exercice non dit d’une exfiltration de dirigeant en cas de troubles majeurs ? Ou un moyen de diminuer ses frais de candidate… peu pour les budgets de l’Armée ?
Comme Macron à peine élu, elle est allée rendre hommage à l’anniversaire de la mort du préfet Erignac. L’Armée et l’Administration ont leur part dans sa tournée. Mais elle rassure sur la liberté de l’institution judiciaire, elle ne donnera aucune instruction au juge, c’est contraire à son éthique. Serait-elle réellement démocrate ? Donc ferme sur la séparation des pouvoirs, ce qui plairait à tous les procureurs de France dont le collectif récent disait clairement avec beaucoup de mesure qu’ils étaient entravés dans leurs applications pénales par les modalités de leurs nominations. Ce collectif sans le dire montrait du doigt, sans doute, le Conseil de la magistrature ? De même, pause à un restaurant entre amis, Jean-Jacques Ferrrara, député et porte parole insulaire, rappelle le droit au rapprochement des trois membres du commando. À table, une dizaine d’acteurs économiques ont dit leurs difficultés et les lenteurs des aides promises. Puis un petit bonjour à l’hôpital de la Miséricorde, suivi d’une heure en tête à tête avec Gilles Simeoni dans son bureau.
Une salve de critiques sur Macron, et elle se dit prête pour un partenariat. Le processus de décentralisation généralisé et renforcé pourra donner à la Corse un espoir d’autonomie mais à co-construire en 10 ans… grâce à une confiance retrouvée de pouvoir travailler ensemble.
Elle pose un principe nouveau, celui d’une autonomie ferme républicaine. Le grand art de lier des idées opposées : une République colonisatrice, l’île restant la dernière colonie et l’autonomie pour la décoloniser. Une déclaration de bonnes intentions, de candidats ratissant large. C’est-à-dire rien, qu’elle soit élue ou non. Si elle est élue, elle a une option de temps long et des priorités urgentes pour essayer d’entreprendre un renouveau de la France. 10 ans, c’est trop loin, pour sauver ce peuple sans pouvoir législatif et sans coofficialité du Corse. La Charte des langues régionales et minoritaires du Conseil de l’Europe, l’État l’a enterrée depuis des années. Le rapport de l’Unesco de 2002/2003 sur ces langues est clair, l’État l’a ignoré et aucune organisation politique ou culturelle ne l’a mise en débat public.
La revendication politique des autonomistes ou régionalistes a finalement débouché sur une cascade en 40 ans de statuts particuliers (Defferre en 1982, Joxe, Jospin, Cazeneuve). Or en 1972/73, l’État adopte une des possibilités du rapport secret que la Datar avait commandité à l’Hudson Institute, celle d’un tout tourisme massif en 10 ans et d’un renouvellement de la population, la noyade de ce qu’il restait de Peuple Corse (160.000 hab. en 1962) pour mieux disposer de sa terre vidée pour l’Empire colonial et ses guerres.
L’ARC le publie, l’État renie et ment, se décharge sur l’Hudson Institute et n’en parle plus. Or cette politique se poursuit. Les chiffres l’attestent. Doublement de population (de 160.000 hab. à plus de 330.000 hab.) en 30 ou 40 ans par des apports extérieurs et non par des naissances, plus de 20 % de tourisme dans le PIB, trois fois plus que les régions les plus touristiques de France, 97 % au moins de tout ce que l’on consomme est importé et les compagnies se disputent la DSP.
Après avoir détourné les fonds prévus pour l’agriculture Corse pour accueillir l’exode des 18.000 Pieds Noirs en 1962 suite à l’indépendance de l’Algérie (Accord d’Evian) en mentant : le Corse qui postulait pour avoir un lot – ce que rien n’interdisait –, l’administration disait à celui qui sollicitait un prêt soit qu’il devait apporter une part contributive hors de leur moyens s’ils étaient démunis ; soit, au cas où ils pouvaient le faire, qu’ils devaient avoir des diplômes attestant de leurs capacités agricoles à gérer un lot de 40 hectares. Bref dissuasion mensongère variable selon le profil du postulant Corse… Michel Rocard a fait savoir la vérité quand il a déclaré à plusieurs reprises que l’ordre depuis Paris avait été donné de distribuer 90 % des lots aux seuls rapatriés !
La Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne donne à Macron une publicité pour sa candidature en s’activant sur la scène internationale. Une opportunité qu’il exploite en toute légalité.
Marine voit sa ténacité et ses espoirs en échec par un Zemmour surgit comme un diable d’une boîte de Pandore. Une sortie pour les deux s’ils s’entendent ?
Le seul en accord avec lui-même est Roussel le candidat du PCF. Dommage qu’une cause inspirée par la justice et la générosité ait été plombée par le stalinisme.
Cette élection du Président n’est portée par aucun courant d’enthousiasme. Le citoyen va-t-il s’abstenir ou voter un pis aller au second tour ? Le temps est venu d’envisager une VIe République démocratique, moins centraliste, débarrassée des vapeurs toxiques du jacobinisme.
Gilles Simeoni sur sa majorité « absolue » en tant que Président de l’Exécutif régional s’escrime à faire prendre en compte la démarche autonomiste dans ce contexte. Des points ont été marqués comme l’autonomie de Jadot, le vote contre la spéculation immobilière au Parlement réussie de nos trois députés, le courant plutôt favorable pour le droit à un rapprochement des trois du « commando » Erignac qui ont purgé largement de leur peine… Malgré cela on n’a aucune garantie, il s’agit de promesses électorales et des paroles à l’acte, le passage est incertain au point d’être simplement illusoire.
La garantie historique pour emprunter la voie du sauvetage du peuple ne peut venir que d’une organisation politique démocratique transversale organisée en son sein et portée par lui-même. On ne sauve pas un peuple par procuration. Ces principes définis et répétés sans fin dans Arritti (et ailleurs !) m’amèneront à dire sous peu les données de cette organisation indispensable pour en débattre avec tout Corse ou ami de la Corse qui le souhaiterait. À prestu ! •