Autonomie, mode d’emploi

Tout reste à faire !

Max Simeoni
par Max Simeoni
Après les péripéties souvent inattendues depuis la réélection du Président Macron, l’invisible Monsieur Corse et le ministre Darmanin montant la garde comme un furet, le sujet qui obnubile tous les acteurs locaux est la réception d’une délégation Place Beauvau pour discuter « de tout sans tabou, y compris l’autonomie interne et de plein exercice ». Ils se bousculent au portillon.

 

 

La délégation sera conduite par Gilles Simeoni, président de l’Exécutif de la CdC. La présence de toutes les composantes semblait acquise même si certaines de leurs priorités n’étaient pas claironnées en fanfare pour pouvoir prétendre figurer à cette délégation à Paris.

Or, ces derniers jours, le LR annonce qu’il présentera seul, hors délégation, ses propositions au pouvoir central parisien. Une pression exercée sur l’Elysée et sans doute aussi sur le groupe Libertés Indépendants Outremer et Territoires (LIOT) dont le Président Macron a besoin pour ne pas subir le glaive d’une motion de censure.

En fin de compte, il s’agit d’une coalition d’appareils électoraux « locaux » plus qu’une adhésion à une conception ferme à un idéal autonomiste. Une bataille picaresque dont les élus « locaux » partage en apparence la responsabilité de la gestion sans avoir les moyens concrets de changer les conséquences des causes, celles d’un système jacobin qui remonte à la bataille perdue de Ponte Novu en 1769.

 

Une île qui a son réservoir d’hommes vidé pour les besoins d’un Empire colonial réparti sur les continents et pour préserver les échanges par voies maritimes. Au nom des valeurs universelles qu’elle dit représenter avec la Révolution de 1789. L’Histoire l’aurait mandatée pour cette mission. Elle ne colonise pas, elle civilise !

L’Angleterre, qui a elle aussi un vaste Empire, ne ferait que du business.

Premier apport de population, les 18.000 Pieds-noirs pour traiter un problème franco-français après les accords d’Evian en 1962 par le Général de Gaulle et reconnaissent l’indépendance de l’Algérie. Le FLNA y refusa les trois souhaits de De Gaulle : continuer dans le Hoggar les essais d’explosion nucléaire d’où la tentative d’urgence à l’Argentella, un regroupement minime de français d’Algérie qui ne souhaitent pas être rapatriés, l’exploitation de gisements pétrolifères en association technique avec l’Algérie indépendante.

 

À deux reprises, l’ARC apporta la preuve écrite du cynisme de la République des jacobins (la publication d’un document dénonçant la main mise d’un consortium de « gros » Pieds-noirs pour s’enrichir avec le vin trafiqué et le rapport de l’Hudson Institute commandité par la Datar et voulu secret.

Bref, toutes ces manœuvres sournoises sous prétexte du « tout-tourisme » voté en Conseil des ministres qui ne peut qu’enrichir les plateformes de rachat et de redistribution de l’Hexagone, le port de Marseille en particulier.

Réservoir d’hommes vidé pour les impératifs coloniaux et les guerres, l’île offre une perspective nouvelle, un territoire préservé, dont le patrimoine nature est unique, et source d’enrichissement pour les fournisseurs du continent (elle importe plus de 97 % de sa consommation alimentaire et la majorité des autres produits). L’Eldorado pour les investisseurs, extérieurs pour la plupart, à deux heures de toutes les grandes villes européennes.

Le déclin de sa population autochtone est en courbe descendante qui, dans le contexte socio-économique, se rapproche de zéro.

 

Donc la reconnaissance du peuple corse et l’autonomie, même officialisée, n’y pourront rien !

Existe-t-il une sortie vers la lumière, la liberté, la maîtrise de son destin ?

Quand ce peuple n’aura plus de fils pour son but historique, un ou plusieurs autres prendra sa place. Quel(s) peuple(s) ?

Ou seulement une grande banlieue d’individus à résidences secondaires ou de SDF au soleil, pas sous les ponts mais sur les côtés. Les plus riches plus haut avec vue imprenable sur la mer.

Mais existe-t-il assez d’autochtones pour résister et renverser la courbe avec les efforts de quelques générations ?

 

J’ai mené cette lutte au service du peuple corse toute ma vie. Aujourd’hui, pris par l’âge, je fais un bilan ambigu.

Oui j’ai fait, avec quelques autres, un effort. Mais tout reste à faire.

À vous de jouer et prendre le relais. La violence clandestine est ici contre-productive. Nos clandestins l’ont ainsi démontré par l’absurde et les larmes.

Une seule vision pour cette période de notre histoire de peuple : l’intelligence collective et l’action au sein du peuple.

Les mandats « locaux » font office de polochon pour des enfants qui jouent à bandits-gendarmes.

Sonnez le réveil et en campagne ! •