par Max Simeoni
Ce matin du mardi 4 juillet, j’ai pu suivre le débat sur l’autonomie de l’Assemblée de Corse.
Flot de discours qui se veulent historiques des leaders sauf celui d’ouverture de Gilles Simeoni qui devait le faire par sa fonction de présentateur.
Je reviendrai sur l’autonomie et la reconnaissance du peuple corse.
J’ai déjà écrit dans Arritti que ces deux objectifs étaient prioritaires. Ils avaient cependant, selon les uns et les autres, un ressenti tactique divergent. Pour certains, les droits élémentaires au logement, à un minimum de ressources pécuniaires, à l’emploi sont urgents, la Corse restant une, si ce n’est pas la plus pauvre des régions. Ils attribuent ainsi la faute aux gestions des pouvoirs « locaux » que les élections locales ont dégagé et bien entendu les coalitions nationalistes n’y échappent guère.
L’île a été et demeure sous un statut colonial. 97 % de tous ses besoins alimentaires, vestimentaires et autres, sont importés. Résultat d’un « tout-tourisme » présenté comme le développement économique de l’île. Le choix fait sur un rapport de l’Hudson Institute demandé et voulu secret par la Datar. Nous l’avons eu : il prouve la volonté de faire disparaître tout lien entre le reste d’autochtones et leur île pour en disposer à l’aise.
Évidemment au profit des producteurs hexagonaux qui importent sur l’île via les aides aux transports avec leur plates-formes de regroupement et de redistribution du port de Marseille.
L’exportation de Corse vers l’extérieur continental compense mal ce flux. Un chiffre : le PIB du tourisme représente 20 %, il n’est que de 6 à 7 % dans les régions les plus touristiques de l’Hexagone ! C’est dire que les statuts particuliers n’ont rien changé.
La Corse, la plus pauvre, a la « vie la plus chère » des régions de la République.
Nombre sont ceux qui pensent que, de toutes façons, l’île est naturellement pauvre et la République par principe généreuse. Or cette dernière l’a utilisée comme réservoir d’hommes (Empire, guerre de 14/18) et l’a vidée : 160.000 habitants en 1962 quand j’ai ouvert mon cabinet médical à Bastia et premier renouvellement de population par l’accueil de 18.000 Pieds-noirs en exode accéléré en plaine orientale après l’indépendance de l’Algérie (accords d’Evian en 1962 signé par De Gaulle.) Accueil qui s’est réalisé avec les fonds prévus pour l’agriculture corse dans les plans d’actions régionales dès 1958.
L’emploi, pour qui ? Nos jeunes sont toujours poussés à l’exil !
L’île reste donc sous une tutelle coloniale qui ne le dit pas ou qu’on fait oublier. Son intérêt pour la domination coloniale tient dans son non développement. Vidée de ses défenseurs, c’est son territoire qui attire l’appétit spéculatif, les enrichissements rapides dans l’immobilier, les mafieux et relègue la valeur du travail de nos parents aux musées de l’Histoire.
Quant à la notion de peuple corse, elle concerne qui ? Ceux qui ont ou achètent une maison avec vue sur la mer ? Non bien sûr ! Mais tous ceux qui établissent un lien enraciné avec cette terre insulaire qui abrite leurs rêves d’un avenir heureux pour leurs enfants. Un refuge quoi qu’il subvienne.
Un délai préalable restant à définir de vie, de partage comme on peut le voir en Suisse et dans beaucoup de démocraties.
Tout le monde peut se dire Corse s’il l’aime et fait l’effort d’être reconnu comme tel par la communauté des Corses.
C’est un baptême où tous les Corses sont témoins ! •